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Culture

Christian Richer, photographe

La galerie Corinne Le Monnier et le photographe Christian Richer proposent une exposition rétrospective forte de plus de 70 œuvres représentatives du parcours de l’artiste et de sa passion pour Le Havre.

Publié le 02/05/2024

  • lehavre.fr :  Exposer un photographe dans une galerie connue pour ses peintres, comment l’expliquez-vous ?

Christian Richer : L’histoire est intéressante. Initialement, ma pratique artistique était la peinture. J’étais élève de Daniel Authouart, sans lui rien n’aurait été possible. Mais, là où lui utilisait un carnet de croquis, j’ai rapidement choisi de me servir d’un appareil photo pour préparer mes motifs. J’ai fonctionné ainsi pendant plus de dix ans avant de réaliser que j’aimais vraiment photographier et que j’étais moins satisfait de ma peinture que de mes prises de vues. Avec l’arrivée de la technologie numérique, j’ai rapidement pu exprimer ma sensibilité sans passer par la peinture. On peut peindre avec un appareil photo ! Ce qui est important n’est pas le médium mais ce que j’ai envie de dire. J’avais déjà une pratique très figurative d’ailleurs. Corinne Le Monnier l’avait très vite repérée, ce qui l’a conduite à me proposer de m’exposer.

  • lehavre.fr : Comment s’est effectué ce rapprochement ?

C. R. : En 2019, j’avais été commissionné pour réaliser des photos de la traversée transatlantique du Queen Mary 2, du Havre à New York. Corinne Le Monnier les avait vues et comme je lui évoquais ma recherche d’un lieu pour les exposer, elle a, à ma grande surprise, proposé de le faire dans sa galerie. Plusieurs expositions ont ensuite été organisées. J’ai, par exemple, travaillé sur la fraternité entre Auguste Perret et Le Corbusier, en rapprochant les architectures du Havre et de la Cité radieuse de Marseille. Cette année, nous passons à la vitesse supérieure en proposant une exposition rétrospective.

  • lehavre.fr : Comment avez-vous opéré la sélection des plus de 70 œuvres exposées ?

C. R. : J’ai dû choisir parmi 1 500 clichés ce ces dix dernières années. On trouve bien sûr des photos du Queen Mary 2 et de New York, autre ville que j’adore, mais avant tout la sélection reflète mon amour du Havre. Cette ville, la mienne, reste mon principal leitmotiv.

  • lehavre.fr : Comment expliquez-vous cette relation particulière ?

C. R. : Né en 1954, je suis vraiment issu de la première génération qui n’a pas connu Le Havre d’avant. Alors que nos parents dénigraient cette ville reconstruite, ce qui est évidemment bien compréhensible lorsqu’on a vécu les bombardements et perdu ses repères d’antan. Ma génération a grandi dans ce Havre, s’y est construite, a vécu ses premières amours ici… Le Havre est devenu une ville aimable, et même admirable. Quand je peignais, c’était déjà des vues rappelant la géométrie, la précision et la respiration du Havre dont les perspectives m’ont toujours enchanté. La photo a naturellement prolongé cet amour, me permettant de projeter mon interprétation de ce que je vois. Je cherche à faire retrouver ce qui m’a ému. Je ne suis pas photojournaliste, je recherche vraiment l’émotion. L’appareil photo n’étant jamais à la hauteur de ce que voit et ressent l’œil, mon défi est de communiquer – au développement – que mon monde est beau !

  • lehavre.fr : Pouvez-vous décrire votre façon de travailler ?

C. R. : L’appareil en bandoulière, je me hâte vers le terrain de jeu choisi, souvent la plage ou l’avant-port, le centre-ville. Là, le pas ralentit. Je ne suis plus, ni sur la trajectoire, ni dans la vitesse alentour. Ma concentration m’ouvre un espace mental spécifique, avec l’impression paradoxale que je suis seul au monde. Je suis en quête d’une image affinée, décantée, raffinée, pour tenter d’en partager l’essentiel. C’est l’épure du titre de l’exposition. Quant au flou, il fait allusion à mes « transparences opaques », le filtre intermédiaire entre l’œil et son objet. Il aiguise l’acuité visuelle et intellectuelle du spectateur, éveille son imaginaire ou ses souvenirs, ouvre la porte à d’autres récits possibles. Je suis heureux de partager cette ambivalence du regard que je porte, depuis toujours, de la peinture à la photographie.

Découvrir l'exposition
De l’épure au flou
Galerie Corinne Le Monnier
149 rue Victor Hugo
Du 4 mai au 11 juin
Du mardi au samedi de 9h30 à 12h30 et de 14h à 19h
Entrée libre et gratuite