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Sport

Club de lutte havrais, l'esprit de famille avant tout

Créé en 1997, le Club de lutte havrais excelle autant dans son rôle d’acteur social du quartier du Bois de Bléville que dans celui de « Fabrique à champions ».

L’histoire dure depuis près de 20 ans. Cinq, six fois par semaine – voire sept lorsque les circonstances le demandent – à l’approche de 17 h, Clément Susunaga gare le véhicule du Club de lutte havrais face au gymnase du Bois de Bléville. L’homme, âgé de 62 ans, sort alors tranquillement du véhicule, fait la bise à quelques passants, serre la main des conducteurs qui s’arrêtent pour le laisser traverser. « Je les connais tous, explique l’intéressé, ils sont tous passés au moins une fois au club. » Ce rituel se poursuit ainsi jusqu’à l’entrée de la salle du club. Une petite salle où les posters, les appareils de musculation et l’atmosphère toute entière pourraient sortir tout droit d’un film dans lequel Sylvester Stallone ne serait plus boxeur… mais lutteur.
« Cette salle, c’est monsieur Moulin, qui nous l’a attribuée », explique Clément Susunaga, avec un sourire rempli de respect et de reconnaissance pour l’ancien adjoint au maire en charge du sport. Et de préciser : « La Ville du Havre n’a jamais cessé de nous soutenir depuis et, notamment, en mettant à notre disposition un dojo de 200 m² en septembre dernier. » Un nouvel équipement qui lui permet aujourd’hui d’accueillir ses 110 licenciés dans de meilleures conditions.

« Ici, on travaille plus dur et plus longtemps »

Avec Mélissa Pasquier, les frères Samba et Sada Diong, Adama Sow et Youssouf Camara, le « team Susunaga » affiche des résultats étonnants pour un petit club de quartier. « Des résultats qui interpellent et attisent la convoitise, notamment lorsque la fédération voit des jeunes comme Merlin Litzellmann, quitter le pôle France de Font-Romeu pour venir ici », ajoute l’ancien docker qui refuse régulièrement des sollicitations de clubs plus huppés. « Jamais je ne partirai d’ici. J’y ai ma famille, mes amis et mon club. Un club où avec le temps, je suis parvenu à imposer mon mode de fonctionnement qui repose sur un principe simple : ici on travaille plus dur et plus longtemps qu’ailleurs. »
Une intensité et une exigence qui ne rebutent pas pour autant les jeunes, heureux de voir qu’on leur accorde la considération qu’ils n’ont pas forcément en dehors. Outre les valeurs traditionnelles du sport comme le goût de l’effort, l’assiduité et la rigueur, l’entraîneur s’emploie également à leur parler de respect, de mixité, de politesse et met en place des actions afin que les parents puissent aussi s’investir dans le projet sportif de leurs enfants. « Ici on pratique un sport individuel avec un esprit collectif, confirme Merlin Litzellman, tout juste arrivé au club et déjà séduit par la singularité du CLH. Contrairement à d’autres clubs, il n’y a pas de rivalité entre nous, on forme une famille. »