Marie-Pierre Bonniol, artiste et curatrice

« Chaque film court est l’expression d’une émotion. »

Portrait
Publié le 18 octobre 2024

Fruit d’une collaboration inédite, Vidéo Volcan Jeunesse donne rendez-vous, tout au long de la saison, pour huit projections gratuites de films représentatifs de la diversité de la création vidéo, pour petits et grands.

  • Vous vivez à Berlin et travaillez partout dans le monde. Pourquoi ce rapprochement avec Le Volcan ? 

Le Volcan est l'une des douze Scènes nationales sélectionnées par l'appel à projets CURA – à l’initiative du ministère de la Culture et de la direction générale de la Création artistique. CURA soutient la présence des arts visuels au sein des Scènes nationales en sélectionnant des commissaires d’exposition qui y mettront en œuvre une programmation arts visuels pendant une saison uniquement. En tant qu’artiste et curatrice (commissaire d’exposition, directrice artistique), j’avais un programme pour les enfants. Durant l’épidémie du Covid-19 à Berlin, où les écoles ont été fermées pendant de nombreux mois, j’ai eu l’idée de terminer chaque cours à domicile par un petit film. J’en ai mis une sélection sur internet, qui a fait le buzz. J’ai ensuite proposé ce projet à des musées et je me suis positionnée sur CURA.

  • Et ça a matché ? 

Oui, en fait c’était comme une agence matrimoniale de projets (rires) ! Le Volcan était la seule Scène nationale à s’orienter vers le jeune public et l’international. Pour cette saison autour du film expérimental et de l’art vidéo, nous avons convenu de huit séances (voir encadré) d’une trentaine de minutes chacune, adossées aux temps forts du Volcan. Il y en a pour tous les âges car ce qui m’intéresse, c'est « l’état d’enfant ». Ces films de tous genres pourront être vus par des adolescents et enfants, parfois à partir de 3 ans, comme par tous ceux qui veulent poser un regard d’enfant sur les choses et rêver à tout âge. 

  • Quelles formes prendront ces séances ? 

Déjà, chaque vidéo est en soi porteuse d’une forme différente, tant il est possible aujourd’hui de faire des films sans moyen. Chaque séance offrira un paysage de la manière de faire de l’art aujourd’hui. Il s’agit de films courts, voire très courts. J’adore monter ce type de programme. Étant moi-même hyper sensible, j’ai l’impression de vivre chaque film pour de vrai ! Au total, j’ai sélectionné une centaine de films sur les mille que j’ai visionnés. Il y aura de l’animation, du stop-motion, de la vidéo conceptuelle… Tout cela crée du rythme dans la projection. Beaucoup de travaux viennent d’artistes locaux et je suis sûre de proposer ailleurs dans le monde certaines de leurs productions. 

  • D’où vient votre intérêt pour l’art vidéo et notamment le film court ? 

J'ai commencé à créer des fanzines dès l'âge de 14 ans, ce qui m'a initié au monde des images et des petits moyens. Par la suite, j'ai poursuivi des études en arts plastiques et en sciences de l'art. La vidéo s’est imposée au moment du Covid-19. Bien que je sois principalement orientée vers l'écriture, la vidéo est devenue mon unique moyen de création. Filmer ou écrire, ce qui m’intéresse au fond, c’est le processus créatif et cette énergie qui nous pousse à mener un projet. Je considère chaque vidéo de Vidéo Volcan Jeunesse comme l’expression d’une émotion. 

  • Pourquoi s’adresser particulièrement aux enfants ? 

La tranche d’âge 8-14 ans est celle où se forme un imaginaire propre. C’est là que se décide ce que l’on va devenir, notre positionnement dans le monde. Je suis sûre que les petits films présentés laisseront des traces indélébiles chez nombre de spectateurs. Les projections seront complétées par des ateliers, afin que petits et grands appréhendent les différentes approches de la création filmique. J’ai hâte d’y être !

Les séances prévues cette saison

  • 18 et 19 octobre : la bande dessinée et les images animées dans le cadre d’Un automne à buller
  • 22 et 23 novembre : cadre/hors cadre dans le cadre du festival Du Grain à démoudre
  • 6 et 7 décembre : la musique dans le cadre du festival jeune public Ad Hoc
  • 17 et 18 janvier : les livres dans le cadre du festival Le Goût des Autres
  • 7 et 8 février : l’amour et les métamorphoses
  • 7 et 8 mars : les jardins dans le cadre du festival Déviations
  • 4 et 5 avril : la ville en partenariat avec le MuMa
  • 16 et 17 mai : la famille et les vacances en partenariat avec l’ESADHaR

Ce portrait a été initialement publié dans le magazine LH Océanes