Les vitraux de l’église Saint-Joseph, chef-d’œuvre de Marguerite Huré (1895-1967), sont emblématiques de la Reconstruction du Havre. Son nom ne vous dit rien ? C'est que cette artiste est aujourd'hui largement oubliée. Pourtant, ce sont devant ses 378 m2 de vitraux que les visiteurs de l'église Saint-Joseph s'émerveillent.
De son vivant, l’artiste jouit d’une large renommée. Les quotidiens comme les revues spécialisés commentent ses œuvres, sa carrière, ses succès. À une époque où une femme n’est pas vitrailliste, Huré se distingue aussi bien dans la restauration que dans la création.
Cette exposition postule que le résultat, éblouissant de l'église Saint-Joseph, doit autant au génie de Perret qu'à Marguerite Huré, sa collaboratrice privilégiée. La perspective intérieure de son clocher, entre mysticisme spectaculaire et modernité futuriste, n’aurait pas le même impact sans le travail réalisé sur la couleur.
Maîtresse absolue de son art, elle ressuscite les techniques médiévales aussi bien qu’elle innove. Capable de dépasser la technique, c’est aussi une théoricienne qui s’interroge sur la place du vitrail dans les édifices religieux et sur le sens du beau dans un contexte de réception clivée de l’art. Par-dessus tout, elle n’aura de cesse de défendre le vitrail comme art majeur, à distinguer absolument de la peinture.
L'exposition présente également deux œuvres d'art contemporaines : une installation de six vitraux créée par la maître-verrier havraise Ludivine Rougeolle, ainsi qu'une expérience immersive mêlant photographies des vitraux et musique originale, réalisée par Michel, Mina et Léo Larbi.