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Sport

Don't Panik Team : une famille, un sport, un club

Retour sur le club havrais qui fait naître des graines de champion telle Amina Zidani, multi-championne de France, championne d’Europe aux Jeux européens 2023 et « remontée à bloc » pour Paris 2024. Qui se cache derrière la Don’t Panik Team ?

Publié le 03/04/2024

Ce club est avant tout une histoire de famille. Tout commence en 1974, quartier du Bois-de-Bléville, avec Abdelwahab Zaouiche, surnommé « Doudou ». À 15 ans, il découvre que le combat peut être un sport grâce à des amis qui lui proposent de venir dans une salle de boxe. Avec la difficulté et la maladresse d’un débutant, Doudou participe assidûment aux entraînements et prend plaisir à dompter ce sport qu’il maîtrise de mieux en mieux.

Un an plus tard, il dispute son premier combat et en sort vainqueur. Là tout s’enchaîne : les combats, les championnats régionaux à internationaux, l’équipe de France, un passage professionnel. « La boxe, c’est une école de la vie qui nous apprend à recevoir les coups, à les rendre et les appréhender. » La pratique de ce sport permet à Doudou de voyager, de découvrir le monde et de grandir. Ses propres enfants baignent dans la boxe, omniprésente chez eux et en dehors et, dès qu’ils sont en âge, Doudou les emmène aux entraînements et galas de boxe. Puis vient le moment de raccrocher les gants, en 1987.

Naissance de la Team

À cette époque, il fonde un club avec son ami et entraîneur Mohamed Chetioui (aujourd’hui disparu) au centre social de Bléville « La Maison pour Tous ». Doudou se consacre à transmettre ce qu’on lui a enseigné et donné. Son fils Médine y pratique alors la boxe éducative. Il s’entraîne la semaine et part en compétition avec son père le week-end. « La boxe, c’est une tradition familiale et une culture », explique Médine. « Elle est souvent associée à un sport violent alors, qu’en réalité, c’est une véritable école. »

Médine, aujourd’hui rappeur, et son petit frère Nahim ont été bercés par cette éducation familiale sportive, tout comme par Rocky ou Raging Bull, des films qui les attrapent « comme ce fut le cas pour toute notre génération, et qui nous ont permis de nous créer un imaginaire dans lequel nous nous sommes projetés ». Pour Nahim : « La boxe est un héritage que mon père nous a transmis. J’ai beaucoup appris en le regardant coacher, enseigner, donner de son temps et de son énergie aux jeunes et aux moins jeunes. » En 2009, les deux frères prennent le relais en créant une association de sport de combat : Don’t Panik. Ils demandent à leur père de venir les aider à coacher.

Victime de son succès, le trio familial transforme l’association en véritable club de boxe anglaise : la Don’t Panik Team, affiliée en 2011 à la Fédération Française de Boxe, est née. Doudou et Nahim professionnalisent leur fonction d’entraîneur en suivant une formation fédérale. « On forme des champions régionaux et, un beau jour, arrive à la salle une jeune fille, les mains dans les poches, qui me dit : “Monsieur, je voudrais faire de la boxe” », se remémore Doudou en souriant. C’était Amina Zidani.

Gérer ses craintes

« Certaines études établissent un lien entre la violence sociétale et le manque de contrôle de ses propres craintes et des craintes collectives », explique Médine. « De quoi avez-vous peur ? De vous-même ? Des autres ? Au club, nous travaillons sur la gestion émotionnelle de ses craintes grâce à la boxe, un sport individuel qui se cultive en groupe. » « Tu as besoin des autres pour évoluer, pour avancer, pour progresser, pour grandir. Nous sommes là pour créer du lien », poursuit Nahim.

Le club réunit un public venant de tous les horizons : boxe éducative à partir de 7 ans, boxe féminine, boxe débutante de loisir et boxe olympique de compétition amateur. Le respect, le dépassement de soi et la discipline illustrent les valeurs de la Don’t Panik Team, qui œuvre à les transmettre en intervenant également dans les milieux carcéraux, scolaires, les centres sociaux et entrepreneuriaux.

Don’t Panik Fight Night
Le 4 mai au Pôle Simone Veil
Entrée libre pour tout public
Au programme :
- échange-rencontre avec Amina Zidani
- projection du film d’animation Sur le fil d’Esther Megard
- ateliers récréatifs de boxe éducative
Soirée payante, à partir 19h, pour assister au gala de boxe