Balade du front de mer : du sémaphore au cap de la Hève

Balade du front de mer

Laissez-vous conter la vogue des bains de mer et des loisirs havrais de 1850 à nos jours !

Les amoureux du grand large ne manqueront pas ce circuit à pied qui leur offrira une vue imprenable sur l’estuaire de la Seine et sur un front de mer qui, jadis, inspira les peintres impressionnistes.

En longeant le front de mer, vous découvrirez un espace qui traduit l’évolution du rapport au paysage, passant de pratiques utilitaires et industrielles à des activités de loisirs, source d’inspirations picturales, photographiques et architecturales.

La découverte du sémaphore, 3e de sa génération, érigé dans les années 1947 - 1950, enchantera les aficionados du grand large. Pour ponctuer la fin de la balade, rendez-vous au "bout du monde" afin d'admirer le littoral. 

Avant-port : le sémaphore
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Avant-port : le Sémaphore

A partir du milieu du XIXe siècle, l’entrée du port du Havre acquiert une dimension esthétique, source d’inspiration pour les artistes.
L’air, la mer et la lumière vibrante de l’estuaire de la Seine pénètrent la chambre photographique de Gustave Le Gray, tandis qu’Eugène Boudin peint sur le vif ou presque, des instantanés du paysage maritime battu par les vents marins. Les peintres d’avant-garde se succèdent sur ce motif depuis Monet jusqu’à Dufy. Et lorsque naît le projet de reconstruire un musée des Beaux-arts au Havre, c’est sciemment que le bâtiment, signalé par la monumentale sculpture d’Adam, est implanté face aux jetées du port. Sur cet emplacement stratégique, au plus près du passage des Transatlantiques, Le Havre et la France célèbrent symboliquement la reconstruction du pays.
Un œil, une palette, une lumière et un instant. Voici les ingrédients de la nouvelle peinture de Monet. L’œuvre Impression soleil-levant est peinte devant le port havrais dont on distingue les cheminées d’usine dans le lointain. En tournant délibérément le dos aux conventions académiques et à l’idéalisation, Claude Monet fait entrer la peinture dans la Modernité.

MuMa - Musée d'Art moderne André Malraux
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MuMa - Musée d'Art moderne André Malraux : un « objet » de lumière

Situé au bord de la mer, le MuMa offre une architecture moderne entièrement dédiée à l’espace et à la lumière. Ce bâtiment de verre et d'acier abrite l'une des plus prestigieuses collections impressionnistes de France. Parallèlement aux collections permanentes, le musée accueille des expositions temporaires dont une d'envergure internationale chaque année.

En 1952 est confié à Reynold Arnould, conservateur des musées de la Ville du Havre, l’étude d’un Musée d’Art Moderne destiné à remplacer le musée des Beaux-Arts de la rue de Paris. Il ambitionne d’implanter au Havre, un musée-pilote, le plus moderne d’Europe. Inauguré en 1961, le Muma est l’œuvre d’un architecte dissident de l’atelier de reconstruction, Guy Lagneau, associé à Raymond Audigier, Michel Weill et Jean Dimitrejvic. Installé au-dessus du toit, le paralum en lames d’aluminium est une performance technologique de l’ingénieur Jean Prouvé.

Le Signal, sculpture d’Henri-Georges Adam, encadre de béton un fragment du paysage et souligne avec force la situation exceptionnelle de l’édifice à l’entrée du port.

Chantiers navals - Résidence de France
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Chantiers navals - Résidence de France

Le constructeur naval Augustin Normand s’installe au Havre dans le quartier du Perrey, situé le long du littoral. Dès 1835, ses chantiers jouissent d’une grande réputation pour la construction de navires à vapeur, à aubes puis à hélices, dont se dotent les marines de guerre française et étrangères. Son fils, Jacques-Augustin Normand, se spécialise dans la fabrication de navires rapides entrainant une renommée internationale. L’activité décline toutefois, à partir de 1960, entraînant la fermeture des Chantiers Augustin Normand en 1964.
Sur ce vaste emplacement, un ensemble immobilier, « les résidences de France », est réalisé par les architectes Jacques Lamy et George Candilis entre 1964 et 1990. George Candilis reprend ici le vocabulaire architectural exprimé au Mirail à Toulouse, influencé par le courant architectural du Team-Ten : les alignements sont rompus au bénéfice d’une trame urbaine complexe reprenant l’idée de la ruche et de l’alvéole, portée comme solution universelle.
En rez-de-chaussée patios, passages et coursives permettent une déambulation entre les entrées d’immeubles, commerces et espaces verts.

Port de plaisance - Anse des Régates
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Port de plaisance - Anse des Régates

La Société des Régates, doyenne des sociétés françaises de sports nautiques, est fondée en 1838 au Havre. L’agrandissement de la passe du port et la construction de la nouvelle digue vont condamner le plan d’eau jusqu’alors utilisé pour les régates annuelles.
Ne trouvant pas de solution sur Le Havre, on va se tourner vers Sainte-Adresse et négocier avec Désiré Dehors, propriétaire des Bains de La Falaise, une location provisoire. C’est Georges Dufayel, futur promoteur du Nice havrais, qui va racheter ces terrains aux héritiers Dehors et proposer l’édification d’un vaste club house, inauguré en 1907,  qu’il va mettre à disposition de la très sélecte Société des Régates Havraises. Détruit en 1942 par les Allemands, il sera reconstruit au même emplacement en 1957 mais ne retrouvera pas les rythmes de la vie mondaine de l’entre-deux-guerres.
De 1921 à 1930, le port des yachts est aménagé dans l’anse des Régates, agrandi par l’anse de Joinville après la fermeture du chantier Augustin Normand en 1964. Pour la navigation de plaisance, le port du Havre offre actuellement 1200 anneaux.

Le boulevard Clémenceau et le Transatlantique
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Le Transatlantique

La Ville souhaitant un immeuble digne du front de mer, Henri Daigue doit revoir son projet en 1938, avant d’aboutir à cet immeuble nommé « le Transatlantique » en référence à l’architecture des paquebots.

Tandis que la construction de l’Ecole Nationale de la Marine Marchande se termine en 1961, sur l’emplacement de la dernière ferme de Sainte-Adresse, sous forme d’un immeuble avec étage en retrait, évoquant le poste de commandement d’un navire, l’école d’apprentissage maritime ou « lycée maritime Anita Conti », est construite par l’architecte conseil de la marine marchande, Georges Delanoë, et inaugurée en 1964.

Office de Tourisme
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Office de Tourisme

La ligne ferroviaire Le Havre-Paris, inaugurée en 1847 relie la capitale en seulement quatre heures. Les guides touristiques Joannes et Conty informent des commodités balnéaires du littoral havrais : établissements de bains, commerces, régates, hôtellerie, casino et jeux.
Toutefois, l’ambition touristique est précoce : le premier syndicat d’initiative en France s’implante au Havre en 1891. Cette activité se développe dans la période des Trente Glorieuses et concerne en premier lieu un public local et familial. L’attribution du label Station balnéaire, longtemps controversée, est définitivement remise en 1999 : un nouveau tournant touristique s’ouvre alors.
L’image touristique actuelle s’appuie sur des labels prestigieux, intégrant la Ville dans une démarche qualitative : Station nautique, Ville d’art et d’histoire, centre Perret inscrit sur la liste du Patrimoine mondial par l’UNESCO. Les missions de l’Office de tourisme s’élargissent au  territoire intercommunal de la Pointe de Caux et prennent en compte des axes de développement intégrant le patrimoine architectural et muséal, les croisières, la plaisance et le développement durable.

Rue Champlain
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Rue Champlain

L’architecte havrais Henri Daigue a réalisé un ensemble de cinq immeubles en front de mer, déclinant des caractéristiques arts déco. Ils sont encadrés à chaque extrémité d’un immeuble art nouveau, aux éléments de ferronnerie très travaillés.
L’immeuble de rapport, au numéro 42, est imaginé par William Cargill pour l’entrepreneur de peinture en bâtiment Charles Braque, père du célèbre peintre. Sa sobre façade en brique rouge et blanche est agrémentée d’élégants balcons et d’une porte d’entrée remarquable, avec ses deux colonnes soutenant un arc brisé, rappelant celle du Castel Béranger d’Hector Guimard à Paris.

Boulevard Albert 1er
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Boulevard Albert Ier

Le Boulevard Albert Ier se compose de deux édifices des années 1930, s’inspirant de l’architecture des paquebots :
- Au n° 36, retrouvez la villa Edouard Guiné, avec ses balcons en ciment qui rappellent la passerelle d’un navire, sa partie galbée sur deux niveaux, et son hublot avec ferronnerie au rez-de-chaussée.
- Observez au n° 40, l’immeuble conçut par Charles Fabre, avec ses balcons de forme arrondie, et sa façade très différente, selon son orientation vers la plage ou vers l’intérieur, rue Guillemard.

Plages du Havre et de Sainte-Adresse
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Plages du Havre et de Sainte-Adresse

Depuis la généralisation des bains de mer et activités balnéaires au XIXe siècle, la plage a fait l’objet d’aménagements successifs. La percée du boulevard Maritime en 1890 permet la liaison entre la jetée du Havre et Sainte-Adresse. Demeures "balnéaires" empruntant plusieurs références stylistiques et immeubles plus récents composent le front de mer, dans un ensemble éclectique.
En 1994, la promenade conçue par Alexandre Chemetoff est aménagée entre le boulevard et la plage. Cette voie piétonne surélevée est bordée par des terrains de jeux, cabanes de plage et restaurants saisonniers.
Les bains maritimes proposent des équipements et services adaptés à la plage,
notamment sur les activités nautiques et les clubs qui les encadrent.
Le Skatepark, situé près de la digue Nord est le plus grand skatepark gratuit à ciel ouvert de France. Enfin, l’espace Sport Plage est une aire de jeu modulable qui offre l’occasion de s’initier à des sports comme le beach-volley, le sandball, le speedminton…

Les cabanes de plage
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Cabanes de plage et bains de mer

Au milieu du XIXe siècle, la création de la ligne ferroviaire Paris-Le Havre va permettre à une foule nombreuse d’emprunter les trains pour venir prendre les bains de mer pendant les mois d’été. Les établissements vont se multiplier, le premier et celui qui restera le plus prestigieux, Frascati, est d’abord construit à pans de bois dès 1827. Suivront les Bains de Sainte-Adresse (1846), ceux du Casino Marie-Christine (1882) où la reine Marie-Christine de Bourbon d’Espagne, alors en exil en France, avait fait construire sa villa "Mon Désir", les Bains de la Falaise fréquentés par Félix Faure, à Sainte-Adresse, sur l’emplacement de la Société des Régates Havraises.
Au début du XXe siècle, les activités balnéaires se multiplient. Cependant, les établissements de bains de mer, souvent destinés à une clientèle mondaine et aisée, ferment. En contrepartie, des cabanes à caractère saisonnier sont aménagées sur le domaine public de la plage.
A Sainte-Adresse, des cabanes permanentes sont construites à flanc de colline à partir des années 1950, sur l’emplacement de la villa des Courlis détruite en 1944.

La Villa Maritime
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La Villa Maritime

La Villa Maritime, depuis sa construction en 1890, est témoin de l’histoire intellectuelle et artistique havraise. Occupée successivement par Madame de Aldecoa, l’entrepreneur Georges Dufayel et l’écrivain Armand Salacrou, la Villa réhabilitée, appartient depuis 2001 au groupe Partouche.

Rue du Roi Albert
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Rue du Roi Albert

Quelques villas comme la villa Saint-Georges au n°44 sont caractéristiques des maisons construites avant la création du lotissement du Nice Havrais. De style néo-normand, elles contrastent avec la villa Les Baigneuses au n°38, chef-d’œuvre art Nouveau, édifiée en 1908 par E. Choupaÿ, avec des céramiques d’Othon Friesz, exposées depuis 1990 au MuMa.

Le Nice Havrais
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Le Nice Havrais

Promoteur immobilier, Georges Dufayel achète en 1905 des terrains exposés plein Sud, au pied de la falaise de la Hève pour y créer une station balnéaire : le Nice-Havrais.
Après de gigantesques travaux sous la direction de l’architecte Ernest Daniel, cinq rues étagées et parallèles à la mer vont être reliées par cinq escaliers perpendiculaires en brique crème, dite brique Dufayel, permettant l’accès rapide à la plage et à la digue-promenade d’un kilomètre.
Entre 1906 et 1909, près de 35 villas seront édifiées, selon un cahier des charges précis, sur les 300 lots de terrain, vendus soit nu, soit avec villa sur lot. L’immeuble néo-classique Nice Havrais est le seul rescapé des bombardements, parmi les quatre grands édifices de prestige, construits pour le promoteur Dufayel.
Terminé en 1911, sur les plans de l’architecte Ernest Daniel, il a servi de palais au gouvernement belge lors de son exil en 1914-18. Sur la place Frédéric Sauvage, une boîte aux lettres de la poste belge témoigne encore de cette époque.

Villa La Coiffe
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Villa La Coiffe

La villa la Coiffe a été construite en 1938, par Henri Daigue pour son propre usage. Son nom lui vient de la très haute toiture en tuile plate, qui couvre la partie centrale. Elle est surmontée d’un épi de faîtage représentant une cigogne.

Quant à la Villa Casabianca, c’est après un séjour au Maroc que l’architecte havrais Charles Lafarge l’a construite pour lui-même, en 1953.

Cap de la Hève et Bout du monde
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Un peu plus loin...le cap de la Hève...le bout du monde

Sur une centaine de mètres de hauteur, des strates de couleurs différentes se succèdent : des marnes grises intercalées de bancs calcaires à la base, des sables roux ensuite, puis des craies jaunâtres à verdâtres jalonnées de bancs de silex…Ces couches géologiques contiennent des fossiles marins ; elles se sont formées au fond de la mer entre - 150 et - 90 millions d’années.
Le plateau cauchois se soulève d’une centaine de mètres vers -1,6 millions d’années ; c’est alors que la Seine et les autres fleuves de la région s’encaissent et que se forment les falaises. Le mouvement des marées et les intempéries remodèlent sans cesse les falaises et mettent ainsi au jour des fossiles emprisonnés dans la roche depuis des millions d'années. Lesueur les a dessinés, étudiés, et a établi une histoire géologique du site. La synthèse de ses travaux prend la forme d'une gravure de très grand format qui présente plusieurs vues des falaises et l'ensemble des fossiles collectés.