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Entretien
Culture

Mayana Itoïz, autrice et illustratrice de livres jeunesse

La créatrice est l’une des invitées majeures de l’événement Un Automne à buller qui, du 1er octobre au 1er décembre, ouvre les coulisses de la BD et de l’illustration aux lecteurs de tous âges.

Publié le 19/09/2024

  • lehavre.fr : Quel a été votre chemin pour devenir illustratrice ?

Mayana Itoïz : À la fois direct et tortueux. J’ai toujours dessiné sans jamais penser que je pourrais en faire mon métier, ne venant pas non plus d’une famille issue du milieu de la culture. En 2002, j’ai tout de même été diplômée de l’école des Beaux-Arts de Toulouse où je me suis plutôt orientée vers l’architecture d’intérieur. Je suis ensuite devenue prof dans un lycée agricole, tout cela sans jamais arrêter de dessiner. J’avais un blog assez humoristique sur ma vie quotidienne qui m’a apporté une certaine visibilité. Du coup, on m’a proposé de réaliser un album, puis un deuxième, puis diverses créations graphiques. C’est vraiment en 2008 que je me suis lancée et que j’ai découvert les métiers de l’illustration et de l’édition.

  • lehavre.fr : Et que vous pouviez vivre de votre talent…

M.I. : J’ai rapidement eu beaucoup de travail mais c’est le succès du Loup en slip qui a vraiment changé mon rapport au travail et au quotidien. Depuis 2016, je peux me permettre de faire ce que j’aime le plus grâce au succès à la fois commercial et critique de ce personnage dont huit tomes ont été publiés à ce jour.

  • lehavre.fr : Comment est né ce Loup ?

M.I. : Il y a 15 ans, parce que mon fils de 3 ans avait peur du loup. Du coup, j’ai peint un tableau avec un loup en slip car qui aurait peur d’un tel animal ? Comme ça avait marché avec mon fils, j’ai commencé à décliner ce Loup. Les auteurs de la BD Les Vieux Fourneaux l’ont utilisé pour créer dans leur livre un « théâtre du loup en slip ». L’idée de l’éditeur a été de s’en servir pour en faire une histoire, devenue série. Le tableau sera d’ailleurs montré aux Havrais dans le cadre de l’exposition consacrée à l’oeuvre.

  • lehavre.fr : Que propose cette exposition ?

M.I. : Il s’agit principalement de planches originales à hauteur d’enfant qui illustrent la façon dont naît une BD. La scénographie prévue au Havre permet de mettre tout un tas d’autres éléments en valeur, comme le tableau originel. On y comprend mieux comment je compose mes dessins. J’utilise l’encre de chine et la plume, un peu de crayon et d’aquarelle grise pour les ombres. La mise en couleur intervient en revanche sur ordinateur. L’exposition me donne d’ailleurs envie d’effectuer mes modifications directement sur les planches, à coup de correcteur ou de collages…

  • lehavre.fr : Outre l’exposition, qu’allez-vous présenter durant la manifestation ?

M.I. : Je suis déjà heureuse d’avoir réalisé l’affiche d’Un Automne à buller. Il y aura une visite accompagnée de l’exposition avec la réalisation collective, par le public, d’une grande fresque sur la forêt du Loup, sous la neige. Il s’agira de créer des abris pour les animaux et de réchauffer cette forêt gelée. Je signerai mes derniers albums parus et je participerai également à une table ronde sur la narration par le dessin, sujet qui me tient beaucoup à coeur.

  • lehavre.fr : Vous êtes d’ailleurs engagée au sein d’une association…

M.I. : En 2016, j’ai cofondé the InkLink, association qui accompagne, par l’illustration, les organisations engagées dans le domaine social, environnemental ou humanitaire. Cette transmission de messages par la BD ou les récits visuels vient d’une expérience au Suriname où nous avons pris conscience que les codes couleurs ou visuels diffèrent beaucoup d’une culture à l’autre et qu’il est indispensable de les maîtriser pour bien faire passer un message, de santé en l’occurrence. Notre ambition est d’ailleurs de créer une sorte d’inventaire des codes couleurs qui puisse ainsi être utilisé plus largement. Le langage du dessin peut véritablement être universel, simple et compréhensible pour toutes sortes de situation, en France comme partout dans le monde.