Le Havre, patrimoine mondial de l'UNESCO

Mise à jour le 16 octobre 2024

Le 15 juillet 2005, le centre-ville reconstruit du Havre est inscrit sur la Liste du patrimoine mondial par l’UNESCO. Cette prestigieuse distinction marque la reconnaissance comme bien commun de l’humanité de l’ensemble urbain signé Auguste Perret, architecte majeur du 20e siècle.

L'inscription à l'UNESCO

La reconnaissance de l’UNESCO est l’aboutissement d’un travail de 10 ans mené conjointement par la Ville du Havre et des experts en histoire de l’architecture. Elle est aussi le fruit d’un renforcement de la conservation et de la restauration du bâti reconstruit avec la mise en place d’une nouvelle réglementation en 1995, appelée aujourd’hui Site Patrimoine Remarquable (SPR). L’intérêt grandissant pour le patrimoine reconstruit nourrit également le développement de la médiation avec l’obtention du label "Ville d’art et d’histoire" (2001) délivré par le Ministère de la Culture. 

En 2019, le label embrasse tout le patrimoine de la Communauté urbaine et devient Pays d’art et d’histoire

Sur la Reconstruction, l’ambition est d’apporter au public les clés de compréhension de l’habitat : l’hygiène, la lumière, la qualité du bâti, les espaces verts, le confort pour tous. L’appartement témoin permet de découvrir la modernité des intérieurs imaginés par Perret.

Visites patrimoine mondial I Pays d'Art et d'Histoire

Dossier de candidature UNESCO

Créée en réponse au lourd bilan de la Seconde Guerre mondiale, l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) a pour objectif de préserver la paix et la planète par le biais de la connaissance et du respect de l’autre. A l’échelle internationale, elle est la principale organisation chargée de protéger le patrimoine.

Le patrimoine mondial est un ensemble de biens culturels et naturels présentant une valeur universelle exceptionnelle, c’est-à-dire une signification culturelle et/ou naturelle si exceptionnelle qu'elle transcende les frontières nationales et revêt une importance commune pour les générations présentes et futures de toute l'humanité. La valeur universelle exceptionnelle est au cœur de la Convention du patrimoine mondial adoptée par l'UNESCO en 1972. Les biens du patrimoine mondial, au nombre de 1223 en 2024, sont donc considérés comme irremplaçables et appartenant à tous.
 

En France, on compte 53 sites reconnus. Pour être inscrit, un site doit répondre à au moins un des dix critères définis par l’UNESCO. La valeur universelle exceptionnelle du bien havrais est justifiée par deux critères.

Le centre reconstruit témoigne d’une évolution de l’architecture et de l’urbanisme au 20e siècle, en s’appuyant à la fois sur des concepts antérieurs et sur les nouvelles techniques et concepts de son temps (critère II). On y retrouve des références à l’architecture antique, au classicisme français, à l’urbanisme de la fin du 19e siècle et du début du 20e siècle mais aussi aux techniques et concepts nouveaux du mouvement moderne : hygiénisme, standardisation, préfabrication. L’œuvre d’Auguste Perret au Havre illustre également une période significative de l’histoire humaine, celle des Trente Glorieuses et de la Reconstruction (critère IV). Elle reflète les aspirations sociales et culturelles de l’après-guerre.

En reconnaissant Le Havre, l’UNESCO aborde la reconstruction comme un témoignage historique de la période qui a suivi la Seconde Guerre mondiale. Le centre-ville est unique par l’ampleur de la Reconstruction (150 hectares) et la cohérence de son tissu urbain et de son architecture. Il est un symbole pour les villes reconstruites en Europe.

Le centre-ville du Havre, œuvre d’Auguste Perret

Dernière ville normande libérée, Le Havre paie un lourd tribut matériel et humain à la Seconde Guerre mondiale. Les bombardements alliés des 5 et 6 septembre 1944 anéantissent la quasi-totalité du centre-ville : sur les 150 hectares de la zone dévastée, seuls quelques édifices restent debout. Le conflit terminé, la reconstruction est confiée par le Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme à Auguste Perret.

A 71 ans, Auguste Perret est reconnu, en France et à l’étranger, comme un architecte émérite. Inventeur de l’ordre du béton armé, il contribue à définir les fondements d’une nouvelle architecture qui concilie tradition et modernité. Avec ses anciens élèves, il fonde un atelier dont l’ambition naît avant même les bombardements du Havre : celle de reconstruire des villes modernes et harmonieuses autour d’un esprit commun.

Le chantier du Havre est le plus important de la Reconstruction française. Objectif : édifier 10 000 logements, des immeubles de bureaux et des commerces. Les contraintes de temps et de budget sont lourdes. Il faut reconstruire vite et à moindre coût. 

Face à ce défi, Auguste Perret propose de recourir au béton armé. Le matériau offre des avantages importants sur le plan technique, économique mais aussi esthétique. Au Havre, le béton est décoré, teinté, et traité selon différents procédés, donnant ainsi de nombreux effets de matière et de lumière changeants selon la lumière.

Pour la composition des immeubles, l’atelier de Perret utilisent des éléments standardisés et préfabriqués. Chaque bâtiment se compose d’une ossature constituée de poteaux (verticaux) et de poutres (horizontales) en béton, sur lesquels sont posés divers éléments de remplissage (panneaux en béton, porte-fenêtre).

La structure poteau-poutre est l’un des principes de la reconstruction du Havre : en la rendant visible de l’extérieur, Auguste Perret affirme le squelette de la construction. Cette structure laisse par ailleurs une grande liberté dans la composition des espaces intérieurs. L’utilisation d’une trame unique de 6,24 mètres permet, elle, la standardisation. La distance entre chaque poteau est la même pour tous les immeubles : c’est l’une des clés de la modernité et de l’harmonie du centre-ville reconstruit.

Moderne, l’architecture reconstruite du Havre est également influencée par des époques et des ou courants variés, telles que l’architecture française des 17e et 18e siècles. On y retrouve des lignes simples, des formes ordonnées, des symétries. Auguste Perret emprunte également le vocabulaire emprunté à l’architecture grecque antique : les colonnes, les chapiteaux, l’entablement, la corniche sont autant d’éléments constitutifs des façades reconstruites.

Tout comme l’architecture, le plan de reconstruction s’inspire à la fois d’un certain classicisme tout en répondant à l’ambition de moderniser la ville. Conservant les bassins, il est organisé autour de trois grandes rues anciennes, l’avenue Foch, le boulevard François 1er et la rue de Paris . Ces axes forment un triangle ponctué par trois ensembles monumentaux.

Inauguré en 1968 à sa place d’avant-guerre, l’Hôtel de Ville est, avec sa tour-beffroi, le phare laïc de la cité. A l’ouest, le passage entre la mer et la ville est marqué par les deux tours de la Porte Océane. Le front de mer sud, spectaculaire, se déploie près d’un kilomètre. Chef d’œuvre d’Auguste Perret, mémorial aux victimes civiles de la guerre, l’église Saint-Joseph (1957) culmine à 107 mètres. Elle symbolise la renaissance de la ville.

Le Havre est un laboratoire d’expérimentation urbaine qui continue de s’enrichir, après la fin de la Reconstruction en 1964, d’édifices remarquables, comme le Musée d’art moderne André Malraux (MuMa), la Résidence de France (Candilis et Lamy, 1969), la passerelle métallique de Guillaume Gillet (dite Le Chevalier, 1969), la maison de la culture d’Oscar Niemeyer (1982).

Ville des modernités architecturales

Le principe d’une trame urbaine régulière et orthogonale se décline avec deux trames. La ville est ainsi organisée en îlots rectangulaires. Le bâti et l’espace public, les pleins et les vides dessinent le paysage du centre reconstruit.

Comme l’espace urbain, les logements sont pensés pour le bien-être des habitants : l’air, le calme, la lumière et l’espace sont des préoccupations de premier plan. Les immeubles possèdent de larges portes-fenêtres avec balcon, des surfaces de pièces confortables et modulables, des halls d’entrée lumineux et spacieux, ainsi que les derniers équipements modernes.

L’appartement témoin I Le Havre Seine Patrimoine

Une architecture remarquable

Véritable laboratoire d’innovation technique et sociale, le centre reconstruit par Perret fait entrer la ville dans la modernité :

Site Pays d'Art et d'Histoire

Symbole majeur de la reconstruction du Havre, l’église Saint-Joseph est un édifice hors norme. L’audace de ses dimensions et les prouesses techniques déployées pour son élévation en font aussi l’une des œuvres de référence pour l’utilisation du béton armé. 

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Classé monument historique, l’édifice qui se distingue par sa tour beffroi haute de 72 mètres est encadré des Immeubles Sans Affectation Individuelle (ISAI) qui bordent la place. L’ensemble est aménagé comme une place royale avec ses édifices monumentaux, sa vaste esplanade et les perspectives d’axes majeurs. Il forme un des trois points d’ancrage du « Triangle monumental » du centre-ville reconstruit.

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Conçue par l’architecte havrais Henri Colboc, grand prix de Rome, l’église Saint-Michel s’intègre au plan d’ensemble d’Auguste Perret tout en affirmant son style propre, éloigné du Classicisme structurel.

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L’ensemble d’immeubles de 4 à 5 étages encadrés par deux tours de 11 étages borde le quai de Southampton sur 600 m. 

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En bord de mer et à l’entrée du port, le MuMa offre une architecture moderne caractérisée par l’espace et la lumière. Pionnier dans sa conception comme dans sa fonction initiale, le bâtiment de verre et d'acier abrite l’une des plus prestigieuses collections impressionnistes en région.

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Site internet MuMa

Réalisé entre 1950 et 1956 par Pierre-Edouard Lambert, membre de l’Atelier Perret, l’équipement scolaire s’organise autour d’une vaste cour carrée abritée des vents. L’influence de Perret y est manifeste.

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Pour reconstruire le centre-ville anéanti par les bombardements alliés des 5 et 6 septembre 1944, Auguste Perret s’appuie sur les principaux tracés d’avant-guerre. Il parvient à concilier l’objectif d’harmonie de son plan d’urbanisme avec une certaine diversité architecturale.

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Avant d’arriver à la plage, la Porte Océane est conçue comme un véritable passage entre la ville et la mer. Achevée en 1956, elle constitue aussi l’une des contributions majeures d’Auguste Perret au Havre, inspirée de son projet pour la porte Maillot à Paris (1931).

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Fondé après le quartier Notre-Dame, le quartier Saint-François est l’un des plus anciens de la cité du Havre. Son tracé et son caractère originels ont été respectés à la Reconstruction.

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