Ludivine Rougeolle, maître-verrier

« Avoir grandi ici, au bord de la mer, a contribué à ma vocation de créatrice de vitrail. »

Portrait
Publié le 11 avril 2025

Ludivine Rougeolle expose ses créations et partage son expertise en tant que maître-verrier à l’occasion de l’exposition « Les couleurs de la Reconstruction, Marguerite Huré et les vitraux de Saint-Joseph », visible à la bibliothèque Armand Salacrou jusqu’au 7 juin.

  • Comment est née votre vocation de vitrailliste ?

Ayant choisi l’option arts plastiques au lycée, je m’interrogeais sur mon orientation, étant peu attirée par le cursus d’école des Beaux-Arts. C’est en fréquentant des salons de métiers d’art que j’ai découvert celui de vitrailliste. J’ai eu cette révélation face à une création contemporaine. J’ai donc passé un CAP vitrail à Paris puis un brevet des métiers d’art. Une année de peinture sur verre a précédé mon entrée à la prestigieuse école Olivier de Serres, toujours à Paris. C'est alors que ma passion est devenue mon métier. 

  • Avez-vous commencé seule ? 

Après mes formations, j’ai eu la chance de rejoindre une restauratrice détentrice d’une formation universitaire. Pendant sept ans, j’ai travaillé sur des vitraux classés de cathédrales, comme Chartres, Auxerre ou Limoges, et j'ai acquis ainsi les techniques « monuments historiques ». Chaque mission représentait beaucoup d’étude préalable sur la conservation des oeuvres, leur histoire, les techniques utilisées… Après ces années à Paris, j’ai décidé d’ouvrir Normandie Vitrail, mon propre atelier en région havraise, attirée par la lumière locale. 

  • Comment décririez-vous vos missions ? 

Il y a une part de restauration et de transmission du patrimoine ancien, en particulier à travers la prise en charge de vitraux d’églises. J’y trouve une grande richesse historique et technique. Je pratique également la création contemporaine qui m’a avant tout attirée vers ce métier. C’est une passion pleine de diversité, qui réclame une large palette de compétences, un côté très minutieux, de la patience et beaucoup de précision à chacune des nombreuses étapes nécessaires à la création et à la restauration de vitraux. 

  • Qui vous commande ces vitraux ? 

Des particuliers et des acteurs publics. Récemment, j'ai réalisé des créations pour des halls d’immeubles, le siège d’un bailleur social havrais, ainsi qu'une résidence de logements sociaux baptisée Marguerite Huré. Je crée toujours en m’inspirant du lieu, de la fonction, si bien qu’un vitrail n’est jamais purement décoratif, il est aussi le fruit d’une réflexion. Chaque projet est donc unique. Je me considère comme l’interprète qui apporte une réponse à l’architecture d’un lieu. Je travaille avec deux vitraillistes et j’ai reçu le titre de maître-artisan d’art cette année. 

  • Comment avez-vous été associée à l’exposition sur la maître-verrier Marguerite Huré ? 

J’ai été contactée pour donner une conférence sur ce métier. J’ai parlé aux organisateurs de mon projet d’installation « Lignyzon » - qui signifie couleur de fumée en latin - dont l’ambition est de montrer le vitrail contemporain en permettant au public de voir de près les textures, les couleurs, les jeux de transparence du verre. Ce qui m’intéresse, c'est l’impact de la couleur qui fait que chacun de nous est touché par un vitrail, quelle que soit notre culture. Le visiteur peut déambuler à travers l'installation de six panneaux. 

  • Comment transmettez-vous aujourd’hui votre savoir-faire ? 

J’interviens en milieu scolaire, souvent à l’occasion d’un chantier dans la même commune. J’accueille des stagiaires et j'ai formé deux apprentis. La conférence du 26 avril a aussi une vocation pédagogique. J’y aborderai la technique du vitrail et il y aura des démonstrations de découpe et de montage. Par ailleurs, mon atelier sera ouvert au public les 5 et 6 avril, à Cuverville, à l’occasion des Journées européennes des métiers d’art.

"Maître-verrier, l’envers du vitrail"

Retrouvez toutes les informations sur la conférence proposée le 26 avril à la bibliothèque Armand Salacrou sur le site internet des bibliothèques de la Ville du Havre.

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Ce portrait a été initialement publié dans le magazine LH Océanes

Toutes les infos sur l'exposition

« Les couleurs de la Reconstruction, Marguerite Huré et les vitraux de Saint-Joseph »