« Notre exposition collective autour des galets ouvre un autre regard sur Le Havre. »
Publié le 3 décembre 2024
L'exposition « Dérive littorale », présentée dans la Galerie du Théâtre de l’Hôtel de Ville, conclut la résidence artistique de l’artiste Maria Giovanni à la pépinière du Fort de Tourneville. Les galets, objets identitaires et symboliques, y racontent la ville, ses hommes et femmes, le littoral et notre relation au temps.
-
Comment êtes-vous arrivée au Havre ?
Née à Paris de mère écossaise et d’un père originaire de Corse, mais ayant vécu en Bretagne, j’ai choisi de faire mes études d’art à Caen. Diplômée en 2019, je pars pour un master d’Art et Sciences humaines à Dundee en Écosse. Je reviens en France durant la crise du Covid-19 et travaille alors en centre d’art à Flers, où je réalise des vidéos autour de résidences d’artistes. J’y développe donc ma pratique que je décide de reprendre en tant qu’artiste vidéaste. Retenue par un appel à projets d’art contemporain, j’arrive au Havre pour un travail d’initiation vidéo de deux semaines à la Mission Locale Le Havre Estuaire Littoral. C’est alors que je découvre la plage, ses galets et les briques arrondies, sources d’histoires contradictoires quant à leur origine.
-
Ce sont donc les galets qui vous ont retenue au Havre ?
Pressentant le potentiel narratif de ce sujet et de son lien avec le territoire, j’ai candidaté pour intégrer la pépinière d’artistes du Fort de Tourneville. Je me suis ensuite penchée sur le littoral, découvrant l’histoire des ramasseurs de galets, la relation au temps – passé, présent, futur – que ces minéraux nous renvoient. Ce thème pose en effet aussi la question du devenir du littoral, du recul des falaises. J’ai en tout cas voulu profiter de ces dix mois de résidence pour approfondir ce projet riche de rencontres, y compris scientifiques.
-
Lesquelles ont été déterminantes pour aboutir à votre projet ?
Grâce à cette résidence, j’ai pu notamment suivre l’archéologue Jean-Pierre Watté sur ses fouilles, me rendre aux Archives municipales ou encore rencontrer les équipes du Muséum d’histoire naturelle. J’ai aussi bénéficié de conseils techniques d’artistes et d’associations du territoire et me suis rendu à la Grotte aux Galets située à Saint-Jouin-Bruneval. J’ai récolté des histoires ainsi que des éléments visuels, comme les galets intégrés à l’architecture locale. J’ai aussi noué des liens avec des artistes locaux. C’était la première fois que je travaillais avec autant de personnes autour d’un projet.
-
Comment s’est construite l’idée de l’exposition ?
Elle découle de ces rencontres et de ma volonté d’élargir mes perspectives. J’ai donc invité cinq personnes à travailler avec moi. Simon Le Cieux, avec qui je partageais l’atelier du Fort, a réalisé des dessins ; Emma Genty, diplômée de l’École Supérieure d’Art et Design Le Havre Rouen (ESADHaR) et du master de Création littéraire havrais, propose du dessin et une installation autour de sa collection de pierres ; Élisa Barbier, également diplômée de l’ESADHaR en design graphique, axe sa réflexion sur le soufre ; l’historienne de l’art Salomé Schlappi et le graphiste César Henry éditent ensemble des textes et images autour du ramassage de galets, à l’aide de l’IA ; enfin, l’artiste Kévin Cadinot s’est chargé de la scénographie autour de mon installation vidéo sur trois grands écrans et des caisses de rangement transformées en modules.
-
En quoi consiste votre installation vidéo ?
Le dispositif est pensé comme immersif pour le spectateur. Cette création à trois écrans est une manière de démultiplier le montage et d’incarner un principe tripartite qui guide déjà le travail en cours, avec les temporalités (passé, présent et futur), les lieux (Le Havre, Fécamp, Saint-Jouin-Bruneval) et trois personnages. La pièce, intitulée Dérive littorale, donne son titre à l’exposition. Elle invite à une réflexion poétique et fragmentaire sur notre relation au temps et au littoral de la côte d’Albâtre.
Ce portrait a été initialement publié dans le magazine LH Océanes
LH Océanes n°237
Édition du 1er au 15 décembre 2024
Galerie du Théâtre de l'Hôtel de Ville
Place de l'Hôtel de Ville
76600 Le Havre
Le Théâtre de l’Hôtel de Ville et la Galerie sont ouverts :
- Du mardi au vendredi de 12h45 à 18h30
- Le mercredi de 9h30 à 11h30 et de 12h45 à 18h30
- Le samedi de 14h à 18h
Et 45 minutes avant le début des représentations.