Le Maire

"Au Havre, les projets ne s'arrêtent jamais"

Edouard Philippe présente ses vœux aux Havrais pour 2022

Grands projets en cours et à venir, mobilité douce, crise sanitaire et accompagnement des personnes en difficultés : Edouard PHILIPPE, maire du Havre, a répondu à nos questions en cette fin d’année 2021 et formulé des vœux pour la ville du Havre et des Havrais.

 
  • lehavre.fr : Quel regard posez-vous sur votre mandat de maire ?

Je suis heureux d’être redevenu maire parce que j’ai toujours pensé que c’est le plus intéressant des mandats publics. Et maintenant que j’en ai connu d’autres, je sais que c’est vrai. Être maire, c’est être à la tête d’une équipe municipale, et servir de son mieux la ville qu’on aime. Bien sûr, le contexte de la pandémie rend les choses plus difficiles : nous avons tous moins de visibilité et nous partageons des inquiétudes légitimes. 2021 n’aura pas été l’année du retour à la normale, mais elle a été celle du rebond et c’est déjà énorme.

  • lehavre.fr : Où en est-on dans la gestion de la crise sanitaire ? Quelles recommandations souhaitez-vous adresser aux Havrais ?

Félicitons-nous déjà de ce qui a bien fonctionné. Au Havre, depuis le début de l’année, 85 % de la population éligible a été vaccinée. Et 50 % de celles et ceux qui ont été vaccinés ont reçu leur troisième dose. La vaccination a été organisée dans de bonnes conditions d’accessibilité, de gratuité. Je tiens à féliciter celles et ceux qui ont rendu cela possible : médecins, pompiers, infirmiers, bénévoles de la sécurité civile ou de la Croix-Rouge, personnels municipaux et de la Communauté urbaine. Avoir réussi à tenir ce rythme est assez admirable.

Pour autant, les services de santé, notamment de l’hôpital Monod, ont été mis à rude épreuve. Nous testons actuellement la résistance de notre système de santé en le soumettant à une pression dangereuse. Chacun doit en être conscient. Pour maîtriser l’épidémie, il faut faire preuve de civisme et de discipline collective en respectant les gestes barrières et en se faisant vacciner. La quasi-totalité des personnes actuellement admises en réanimation ne sont pas vaccinées.

Nous devons aussi être solidaires et vigilants car la crise a augmenté l’anxiété et parfois les troubles psychiques de nos concitoyens les plus fragiles. Les situations de violences intrafamiliales doivent également nous mobiliser collectivement. Le Grenelle des violences conjugales avait instauré des mesures d’urgence, comme le numéro 3919. Au Havre, nous avons doublé le nombre de places d’hébergement pour que plus de victimes puissent être prises en charge avec leurs enfants. Et au-delà des mesures d’urgence, c’est une bataille culturelle de longue haleine qu’il faut mener en éduquant, dès le plus jeune âge, à l’égalité et au respect entre les filles et les garçons.

  • lehavre.fr : Quels dispositifs développez-vous pour que de nouveaux médecins s’installent au Havre ?

Nous procédons par cercles concentriques. Le premier cercle, c’est la médecine générale. Elle est notre priorité absolue, car il est inenvisageable que des Havraises et des Havrais peinent encore à trouver un médecin traitant. Nous avons lancé une politique volontariste pour améliorer l’attractivité médicale du Havre et la sédentarisation des médecins. En 2014, nous avons créé une antenne décentralisée du CHU de Rouen, PASS/L.AS (Parcours Spécifique Santé et Licence Accès Santé) : chaque année, une promotion de 230 étudiants prépare la première année de médecine au Havre, avec 30% de réussite. Orienter les jeunes Havraises et Havrais vers des études de médecine est la meilleure manière de voir revenir des médecins au Havre. La première promotion passée par PASS/L.AS sera formée en 2023 : nous l’attendons de pied ferme ! Par ailleurs, chaque année, une centaine d’internes en médecine générale viennent en stage au Havre ou dans les alentours, pendant six semaines. Je peux vous assurer que nous leur réservons le meilleur accueil.

Le deuxième cercle, ce sont les spécialités. Nous manquions, depuis des années, de dentistes et d’ophtalmologues. LH dentaire a réglé le problème : nous n’attendons plus des mois avant d’obtenir un rendez-vous. C’est aussi ce que nous visons en matière d’ophtalmologie.

Le troisième cercle consiste à travailler l’attractivité médicale du Havre par la recherche et l’innovation. Nous avons lancé une stratégie d’universitarisation de l’hôpital pour attirer plus de médecins. C’est déjà le cas en pédopsychiatrie et en pneumologie. Et nous allons continuer avec d’autres spécialités.

Il reste bien sûr du travail, notamment pour améliorer la répartition géographique des médecins d’un quartier à l’autre. Mais nous sommes sur la bonne voie. Même s’il faut du temps pour inverser durablement les courbes de la démographie médicale, nous avons posé toutes les fondations pour changer la donne.

Et puisqu’on parle de santé, permettez-moi d’aborder un point qui me tient à cœur : la nécessité d’aider les aidants. Pour prévenir l’épuisement de celles et ceux qui accompagnent un proche malade, une maison des aidants ouvrira ses portes en 2022. Elle proposera des solutions de répit, des conseils, de l’aide.

  • lehavre.fr : Pourquoi avoir décidé de fermer trois écoles ? Quel est votre projet pour l’éducation ?

Le conseil municipal du 13 décembre a décidé de fermer les écoles Maurice Schlewitz, Charles-Auguste Marande et Les Gobelins à compter de septembre 2022. Pourquoi ? Parce que le nombre d’élèves scolarisés dans ces écoles a chuté drastiquement en dix ans. Ces écoles ne restaient ouvertes qu’en accueillant un grand nombre d’élèves en dérogation. Les enfants resteront scolarisés dans des établissements proches, à taille humaine, et proposant des services complets. Le nombre d’enfants par classe restera le même que dans les écoles de départ. Par ailleurs, pour adapter le patrimoine scolaire à l’évolution de la démographie, la Ville va créer une nouvelle école dans les quartiers sud. Après la rénovation complète de l’école Observatoire, nous construirons une école dans le Centre ancien, pour remplacer l’école Cassard.

Notre projet pour l’école consiste à appréhender l’élève dans la globalité de son épanouissement. Nous veillons à ce qu’il bénéficie d’un service de restauration performant, avec des produits frais, locaux et bio. Nos animateurs municipaux proposent des activités périscolaires variées et de qualité. Le plan numérique nous a permis d’équiper toutes les écoles élémentaires avec des vidéoprojecteurs interactifs et des ordinateurs. Nous mettons à disposition des enseignants un ensemble de ressources éducatives et culturelles. Le dispositif « sport à l’école » permet aux élèves de CM2 de pratiquer la voile. Les animateurs d’écopédagogie sensibilisent aux questions environnementales.

Et la Ville investit particulièrement le domaine musical avec Premières vibrations, Orchestre à l’école et l’orchestre Démos. En partenariat avec la Fondation Vareille et l’Éducation nationale, nous avons aussi lancé l’opération « un violon dans mon école », à destination des élèves de la moyenne section de maternelle jusqu’au CE1 des écoles Lamartine et Valmy. Un violon est offert à chaque enfant par la Fondation Vareille et des cours leur sont dispensés. Pratiquer la musique dès le plus jeune âge présente des bienfaits significatifs en termes de concentration, de mémoire, d’acquisition du langage et d’interaction avec autrui.

Enfin, la Ville a été labellisée « Cité éducative » pour deux territoires : les quartiers sud et le secteur Mont-Gaillard – Mare-Rouge – Bois-de-Bléville. Des actions sont menées, avec tous les acteurs de la ville et de l’État, pour lutter contre les inégalités de destin qui entravent la réussite d’enfants moins favorisés socialement.

  • lehavre.fr : Le commerce a été frappé par la crise. Peut-on percevoir, quand même, des dynamiques positives ?

Nous avons toujours veillé à préserver l’existence et le dynamisme de nos commerces, malgré l’évolution de nos usages. Depuis quelques années, l’essor du e-commerce et la remise en cause des hypermarchés situés en périphérie urbaine ont bousculé nos habitudes. La prise de conscience environnementale a aussi amorcé un élan vers nos commerces de proximité. Et la crise sanitaire a confirmé cette tendance. Que nous disent aujourd’hui nos concitoyens ? Qu’ils veulent favoriser des circuits courts et des producteurs locaux, et qu’ils aiment entretenir une relation de qualité et de confiance avec leurs commerçants de proximité.

Pour accompagner les commerces à travers ces transformations, la Ville a mis en place des dispositifs variés. Avant la crise, nous avons régulé la conversion des commerces en logements, par exemple sur l’axe Joffre - Coty. Pendant la crise, la fermeture des commerces dits « non essentiels » a nécessité des mesures de soutien de la Ville, comme l’exonération de la redevance d’occupation de l’espace public. Et puis nous avons favorisé l’extension des terrasses sur l’espace public. Après les mois de confinement et de couvre-feu, un besoin de convivialité s’est exprimé et continue à s’exprimer très fortement chez les Havraises et les Havrais, comme chez tous les Français ! Nous voulons désormais pérenniser une extension encadrée des terrasses car le processus a lancé une vraie dynamique, par exemple dans les Halles centrales. Certains commerçants étaient d’abord réfractaires à la suppression de places de stationnement. Mais, aujourd’hui, l’aménagement d’espaces verts et le sens unique de circulation sont plébiscités, car ils bénéficient aux commerçants comme aux usagers.

Partout au Havre, une dynamique favorable au commerce se fait sentir. La magnifique rénovation du quai de Southampton est aussi une belle opération commerciale. L’ouverture du marché Flaubert, en septembre 2022, marquera le réinvestissement d’un quartier longtemps désaffecté par ses commerces. Sur la rue de Paris, où les friches commerciales étaient nombreuses, des enseignes s’installent. Malgré les inquiétudes, le Printemps restera ouvert. Et je me réjouis qu’un nouveau marché ait vu le jour au Bois-de-Bléville. Je suis donc convaincu qu’après avoir été éprouvé par la crise, le commerce va bénéficier d’un regain de vitalité.

  • lehavre.fr : Quelles sont les conséquences concrètes de la fusion d’HAROPA PORT au 1er juin 2021 ?

L’objectif de la création d’HAROPA est de constituer un ensemble portuaire unique de Paris jusqu’au Havre, avec une stratégie commerciale, une stratégie tarifaire, une stratégie d’investissement uniques. Il y a quelques années, beaucoup pensaient que c’était impossible. Aujourd’hui, HAROPA existe et son siège est au Havre. C’est une opportunité exceptionnelle : avec les travaux de prolongement du quai Port 2000, qui seront achevés en 2023, avec les projets de construction de nouveaux entrepôts et le développement de la logistique sur la zone industrialo-portuaire, avec les projets industriels des acteurs déjà présents ou qui souhaitent s’installer, il y a tout lieu d’être optimiste. Le port va terminer l’année avec des records en matière de trafic de conteneurs, et je ne serais pas surpris si le record était très largement battu dans les deux ans. C’est bon pour la ville : plus d’emplois, plus d’activités et plus de perspectives pour l’avenir.

  • lehavre.fr : Quels grands projets en cours et à venir vont modifier et améliorer le visage de la ville ?

Au Havre, la transformation ne s’arrête jamais. C’est essentiel car une ville, ça vit. Le pire qui puisse arriver à une ville, c’est de ne plus avoir de projets. Et ça, ça n’est pas près d’arriver chez nous ! En 2022, nous commencerons la troisième phase des travaux de l’entrée de ville avec la déconstruction de l’échangeur Marceau, nous poursuivrons la construction du grand complexe sportif de la Vallée-Béreult et nous terminerons la deuxième phase du quai de Southampton. Il est indispensable de maintenir la pression sur les projets de transformation urbaine. Nous allons continuer en 2022 et 2023 avec de nouveaux espaces publics, de nouveaux équipements sportifs et culturels. Nous restons très actifs sur ces sujets.

  • lehavre.fr : L’ouverture en 2021 du pôle Simone Veil en est un bon exemple…

Le pôle Simone Veil est une très belle réalisation. Ce bâtiment est beau de l’extérieur et incroyablement confortable à l’intérieur. Le fait qu’il remplace une prison offre un symbole assez clair de la transformation de ce quartier : la caserne Dumé d’Aplemont a été convertie en un lieu de vie extraordinaire, le square Holker va être agrandi et réaménagé, la place Danton est métamorphosée, l’allée Aimé-Césaire ouvre une nouvelle perspective vers la gare avec de très beaux logements. Nous avons donc un espace public qui redonne une nouvelle vie à un quartier historique du Havre.

  • lehavre.fr : Où en est-on du projet de réhabilitation des anciennes décharges de Dollemard ?

Nous avons franchi cet été une étape importante avec la réalisation d’un chantier-test pour extraire, trier et évacuer 3 000 m3 de matériaux. C’était un chantier atypique, réalisé dans des conditions assez extrêmes, avec des contraintes de marée et d’érosion de falaise qui sont très fortes. Sur la base de cette expérience, nous attendons désormais que les experts nous fassent des préconisations sur les solutions à mettre en œuvre pour éradiquer ces décharges, avec des estimations financières à la clé. Nous en discuterons ensuite avec nos différents partenaires car, dans ce dossier, nous ne sommes pas seuls : la Communauté urbaine, l’État, la Région et le Département nous accompagnent. Ensuite, le conseil municipal statuera. Ma détermination est intacte sur ce dossier : nous devons régler le problème des décharges de Dollemard au cours de ce mandat. On le doit à ce site magnifique et à une ville qui le mérite.

  • lehavre.fr : Comment voulez-vous transformer nos mobilités, pour les rendre plus durables ?

Nous mettons résolument l’accent sur les mobilités électriques : les trottinettes rencontrent un franc succès, même si la réglementation pourrait être mieux respectée par quelques utilisateurs enthousiastes. Nous avons aussi augmenté la flotte de vélos électriques et le réseau des pistes cyclables. Nous travaillons à un plan de développement des bornes électriques car la demande augmente. D’ici 2027, une nouvelle ligne de tramway desservira les quartiers sud jusqu’à Montivilliers : l’hôpital et le stade Océane seront plus facilement accessibles.

  • lehavre.fr : Janvier 2022 marquera les 10 ans du Goût des Autres et de Lire au Havre. Quelles étaient les ambitions de cette politique publique ?

Quand nous avons lancé Lire au Havre, nous avions une double ambition : proposer à ceux qui aiment lire d’aller plus loin encore dans leur passion et donner envie à ceux qui ne savaient pas qu’ils aimaient lire. La nouvelle bibliothèque Oscar Niemeyer, ouverte le dimanche, est devenue une destination incontournable pour les Havrais et pour les touristes. Nous avons ouvert une nouvelle bibliothèque magnifique, à Graville, en 2020. Et nous allons continuer en ville haute.

Le Goût des Autres a aussi trouvé son public. Chaque année, des artistes français et internationaux de grand renom viennent au Havre. Ce n’est pas un salon du livre traditionnel mais un festival de création autour d’œuvres littéraires. Cette année, c’est le thème du secret qui a été choisi. De grands auteurs vont venir enchanter un public toujours plus nombreux. L’un de mes auteurs préférés, Javier Cercas, sera d’ailleurs présent.

  • lehavre.fr : Quels vœux formulez-vous pour la ville du Havre et pour les Havraises et Havrais pour 2022 ?

Je souhaite aux Havraises et aux Havrais d’atteindre les objectifs qu’ils se choisissent, de réussir leurs projets. Nous avons tous des projets. Personnels ou professionnels. Intimes ou collectifs. Pour celles et ceux qui ont été malades, le projet peut consister à se remettre sur pied. Pour d’autres, c’est un projet sportif qui donne du carburant, chaque matin. Chacun vit parce qu’il a des envies. Parce qu’il se fixe des défis. Je souhaite aux Havraises et aux Havrais de trouver la force de réaliser leurs projets.

Et je souhaite à la ville de rester en mouvement. Nous avons la chance, entre l’axe Seine, le développement du port, le tourisme, la rénovation urbaine, d’être plus attractifs que jamais.

Bonne année à tous !