Le Maire

« Les travaux d’aujourd’hui sont nos atouts de demain ! »

Edouard PHILIPPE, maire du Havre

Au terme des conseils de quartier, nous avons voulu interviewer le maire. Que retient-il de ces moments d’échanges démocratiques ? Quelles sont les lignes directrices de l’action municipale pour les trois ans à venir ?

Publié le 22/02/2023

  • lehavre.fr : Les conseils de quartier ont permis d’aborder les nombreux projets que vous portez depuis le début du mandat. Vous ont-ils conforté dans ce sens ?

Edouard PHILIPPE : Bien sûr ! J’ai été élu maire pour continuer à transformer Le Havre. Pour qu’une ville soit vivante et attractive, il faut bâtir, rénover, équiper, embellir, sans se contenter des acquis. Nous devons aux Havraises et aux Havrais d’améliorer leur cadre et leurs opportunités de vie. Et c’est ce qu’ils appellent de leurs voeux ! Les conseils de quartier nous ont donné une excellente occasion de nous en assurer. Ils nous ont permis d’expliquer que notre ambition pour la ville, c’est d’abord qu’on y vive bien et que nos enfants y vivent mieux que nous. C’est à cette condition qu’elle attirera toujours plus d’étudiants, toujours plus d’entrepreneurs et de touristes qui peut-être, un jour, s’installeront au Havre… Donc oui, nous allons continuer à transformer Le Havre, pour les Havrais et avec les Havrais. Les conseils de quartier m’ont évidemment conforté dans ce sens.

  • lehavre.fr : Où en sont les grands projets de requalification urbaine ?

Edouard PHILIPPE : L’été dernier, nous avons pu profiter de la nouvelle promenade le long du boulevard Clemenceau. C’est ce que l’on a appelé le Grand Quai, qui rejoint les aménagements réalisés sur le quai de Southampton. Voilà un magnifique exemple de transformation que vous avez été nombreux à saluer ! Cette année, s’achèveront aussi les travaux de l’entrée de ville. Pendant les conseils de quartier, certains m’ont dit que ces travaux avaient bouleversé leur quotidien d’automobilistes, même si nous avons tout fait pour minimiser la gêne. J’en suis désolé. Mais je sais aussi que ces travaux transformeront durablement notre ville. Il fallait donc les faire. Les travaux d’aujourd’hui sont nos atouts de demain !

  • lehavre.fr : La rénovation urbaine se poursuit dans de nombreux quartiers…

Edouard PHILIPPE : Le grand chantier du mandat, c’est la rénovation urbaine de la Vallée-Béreult. Elle mobilise 40 millions d’euros d’argent public pour transformer le quartier, anticiper l’arrivée du tramway et améliorer le cadre de vie, notamment par la création du parc sportif et paysager. Je pourrais également citer le Grand Hameau ! Nous attendons, d’ici 2024, le label « ÉcoQuartier confirmé ». Les investissements se poursuivent sur le stade Gagarine, tout comme la réhabilitation du plateau de Dollemard et les opérations d’amélioration de l’habitat dans le centre ancien – sans oublier Aplemont.

  • lehavre.fr : La rénovation des places publiques est l’une des priorités de ce mandat : où en est-on ?

Edouard PHILIPPE : Une place publique est un vrai lieu de convivialité, de vie. Les places contribuent à structurer, à polariser un quartier. Alors, nous avançons, quartier par quartier. À la Mare-au-Clerc, nous avons lancé une concertation pour imaginer, avec les habitants, les futurs aménagements. À Rouelles, nous pouvons nous pencher sur la place Maurice-Blard, maintenant que l’ancienne départementale est totalement requalifiée. À Saint-François, le projet de la place du Père-Arson est bien avancé. Nous avons également présenté des esquisses de la future place du Vieux-Marché : elle contribuera à mettre en valeur le Muséum.

  • lehavre.fr : Justement, le Muséum va faire l’objet de travaux importants. En quoi consistent-t-ils ?

Edouard PHILIPPE : Comme de nombreux Havrais, je suis très attaché au Muséum. Il offre une belle porte d’entrée vers l’histoire des sciences et la compréhension du vivant. Il incite au respect de la biodiversité. Les travaux commenceront cette année pour transformer et agrandir le parcours d’exposition. La façade sera entièrement rénovée. Ce bâtiment remarquable est l’une de nos pépites havraises : il méritait de faire peau neuve !

  • lehavre.fr : Dumont-d’Urville est un secteur qui va beaucoup bouger cette année…

Edouard PHILIPPE : Lors du précédent mandat, nous avons posé les bases d’un futur quartier avec la création du jardin fluvial et de la plaine de jeux, la rénovation de la place Arthaud et l’accompagnement de la création du Hangar Zéro. Des programmes immobiliers ambitieux sont en cours, avec plus de 500 nouveaux logements et des équipements structurants : une maison de santé, un nouvel EHPAD, un campus sport-santé pour former des professionnels…

  • lehavre.fr : Que faites-vous pour accompagner les plus fragiles, les plus vulnérables des Havraises et des Havrais ?

Edouard PHILIPPE : C’est une question très importante. Je l’ai bien vu, d’un conseil de quartier à l’autre : le contexte actuel est propice aux inquiétudes, si l’on regarde le verre à moitié vide, et à la solidarité, si on le regarde à moitié plein. Nous menons donc des actions ciblées et des actions de long terme pour accompagner les plus fragiles de nos concitoyens et maintenir une dynamique collective positive, optimiste. Nous soutenons très largement l’offre d’aide alimentaire. Nos quatre épiceries sociales proposent des produits de qualité, à faible coût, et un accompagnement des familles dans la maîtrise de leur budget. Nous maintenons aussi notre soutien aux associations caritatives et nos aides financières d’urgence, via le CCAS. Depuis septembre, nous avons instauré la gratuité des repas et des couches dans les crèches. Nous préservons aussi la gratuité de la cantine pour les enfants issus des ménages les plus défavorisés, et nous n’avons pas augmenté les tarifs pour les autres familles, ni les impôts, car l’inflation pèse aussi sur les classes moyennes. Sur le long terme, pour lutter contre les inégalités de destin, nous sommes convaincus que la meilleure réponse c’est l’éducation, l’éducation et encore l’éducation. Nous travaillons à ce que chaque enfant ait accès à un parcours de qualité, dès le plus jeune âge. La crèche est un formidable moteur de socialisation et de stimulation intellectuelle pour les tout-petits ! Et la meilleure manière de lutter contre la pauvreté ou la précarité, c’est de favoriser le retour à la formation et à l’emploi, notamment pour les jeunes mères. Nous avons ainsi augmenté les capacités d’accueil dans nos crèches municipales. La nouvelle crèche Jeanne-Tranchard a ouvert avec 44 lits et une démarche inédite d’accompagnement vers l’emploi (voir encadré page 6). Je pense aussi à la future crèche Videcoq, au rez-de-chaussée de la tour Alta en cours de construction rue Jean- Macé. Elle accueillera 60 places en 2024. Une dizaine de crèches ouvrent également leurs portes le mercredi.

  • lehavre.fr : Et au-delà des crèches ?

Edouard PHILIPPE : Au-delà des crèches, nous veillons à ce que les écoles proposent des activités périscolaires variées et de qualité dans tous nos quartiers. Pour accompagner le dynamisme des quartiers sud, nous allons y construire un nouveau groupe scolaire qui verra le jour d’ici 2027. Il permettra de réduire la pression sur les écoles actuelles tout en facilitant l’installation de nouvelles familles. Nous développons par ailleurs des actions spécifiques dans nos quartiers classés prioritaires, ceux du Mont-Gaillard, de la Mare- Rouge et du Bois-de-Bléville. La labellisation « Cité éducative » permet de développer une série d’actions visant à accroître les chances de réussite des jeunes. Le dispositif bénéficie déjà à 3 422 élèves de 3 à 16 ans. Il propose aussi des formations aux enseignants et un accompagnement des parents. J’ai été trop long, mais nous n’oublions pas les enfants et les adultes porteurs d’un handicap. Dans ce même magazine, j’évoquais récemment les différents dispositifs mis en place, en partenariat avec les associations. « Côté Cours – Vivre et devenir » mène, par exemple, un travail remarquable pour développer l’habitat inclusif. Et nous allons continuer, au sein de la Ville, à favoriser l’inclusion dès la crèche.

  • lehavre.fr : Comment agissez-vous pour que nos seniors vieillissent bien au Havre ?

Edouard PHILIPPE : Les seniors représentent aujourd’hui plus de 23 % de la population havraise. Le vieillissement de la population française devrait se confirmer dans les prochaines décennies. Et c’est une chance en termes de transmission humaine, de préservation des liens de vie qui nous unissent et qui nous grandissent ! Les seniors ont été nombreux à participer aux conseils de quartier, tout comme ils sont nombreux à animer notre vie associative. Ils n’ont pas la langue dans leur poche, et heureusement ! Leur expérience, leur énergie, leur exigence sont précieuses. Pour autant, le vieillissement appelle un accompagnement et des dispositifs spécifiques. Nous avons ainsi créé le pôle « Bien vieillir » pour aider nos seniors dans leurs projets de vie. D’une personne âgée à l’autre, il existe une grande diversité de profils et d’aspirations. La Maison Dahlia offre ainsi un espace de démonstration et de prévention ouvert aux seniors, à leur famille et aux professionnels du maintien à domicile pour envisager tous types de possibilités. Nous poursuivons aussi une politique de diversification des offres d’hébergements. La résidence intergénérationnelle Villon, dans le quartier Bléville-Grand Hameau, sera réservée aux personnes isolées de plus de 65 ans et à de jeunes familles monoparentales. Une cité heureuse et harmonieuse est une cité où les générations se côtoient et s’enrichissent mutuellement !

  • lehavre.fr : Quelles sont les actions de la Ville du Havre pour maîtriser l’augmentation du coût de l’énergie ?

Edouard PHILIPPE : La Ville du Havre n’a pas attendu la crise pour anticiper l’urgence énergétique. Depuis 2010, nous avons réduit la consommation énergétique de la Ville de 30 % et ses émissions de CO2 de 39 %. En 2021, la Ville a consommé 61 GWh d’énergie contre 86,5 GWh en 2010. Nous procédons, depuis des années, à la rénovation énergétique des bâtiments municipaux. La patinoire, toujours aussi populaire avec plus de 90 000 visiteurs par an, a rouvert le 24 octobre dernier après plusieurs mois de travaux d’amélioration thermique. Le gymnase Pierre de Coubertin a également bénéficié de travaux d’isolation et de chauffage. Et nous avons une double priorité : les écoles et les logements sociaux. Pour les premières, je pense notamment au grand chantier de rénovation énergétique du groupe scolaire Stendhal. Pour les seconds, Alcéane a déjà réhabilité ses logements rue Louis-Blanc, dans le quartier de Tourneville, ce qui réduit de 32 % la consommation énergétique. La Tour-Réservoir, immeuble emblématique de Caucriauville, sera aussi transformée par Logeo Seine. D’ici mi-2025, des habitats diversifiés et innovants verront le jour pour améliorer le confort des habitants.

  • lehavre.fr : Quels autres projets portez-vous pour accompagner la transition énergétique ?

Edouard PHILIPPE : L’extension des réseaux de chaleur est une avancée majeure vers la transition énergétique du territoire. En raccordant la moitié des logements de la ville à une source de chaleur renouvelable et abordable, nous allons considérablement diminuer les émissions de gaz à effet de serre tout en préservant le pouvoir d’achat des abonnés aux réseaux. En 2021, le réseau de chaleur du Mont-Gaillard a été étendu aux quartiers Points-Cardinaux et Bléville. Ce projet a permis d’alimenter 2 500 équivalents-logements supplémentaires en chaleur et en eau chaude, en réduisant de 25 % les émissions de carbone. L’extension du réseau de chaleur Le Havre Sud, en cours de déploiement, permettra d’atteindre 25 000 équivalents-logements raccordés à une chaleur faiblement carbonée d’ici 2024 sur l’ensemble de la ville. Sans oublier la nouvelle centrale biomasse « Biosynergy » qui alimentera à 80 % le réseau de chaleur urbain.

  • lehavre.fr : Parmi les grands projets de cette mandature figure l’extension du réseau de tramway. Quel en est l’enjeu ?

Edouard PHILIPPE : Nous ne pourrons pas réussir le virage écologique sans décarboner nos mobilités. Pendant les conseils de quartier, j’ai entendu certains râler face à l’essor des trottinettes et des vélos, que d’autres plébiscitent… En revanche, le tramway fait l’unanimité ! C’est un moyen de transport vert, ponctuel, agréable. Depuis le lancement des lignes A et B en 2012, le tramway relie les quartiers nord au centre-ville et facilite les déplacements de plus de 50 000 voyageurs chaque jour. Ce succès conforte l’ambition, portée par Le Havre Seine Métropole, d’étendre le réseau de tramway vers les quartiers sud du Havre ainsi que vers Harfleur et Montivilliers, bassin de vie de 55 000 habitants et 25 000 emplois. En 2027, 14 km de voies supplémentaires connecteront le secteur de la gare aux quartiers sud en huit minutes, à l’hôpital Jacques Monod en 20 min, à la gare de Montivilliers en 25 min. La fréquentation des nouvelles lignes est estimée à 28 000 voyageurs par jour. Cette nouvelle étape encouragera l’usage des transports en commun pour atteindre l’objectif d’un territoire « zéro carbone » à l’horizon 2050. Nous resterons d’ailleurs très attentifs à la qualité et à la performance des dessertes vers les autres quartiers de la ville.

  • lehavre.fr : Comment travaillez-vous pour améliorer l’attractivité du Havre ?

Edouard PHILIPPE : La dynamique urbaine prouve déjà l’attractivité de notre territoire auprès des investisseurs et des promoteurs. C’est un signe de confiance dans l’avenir du Havre et une source de satisfaction, de fierté pour les habitants. Nous allons renforcer cette dynamique, par exemple, grâce à la mise en chantier des projets issus de l’appel à projets « Réinventer Le Havre ». Lancé en 2019 par la Ville du Havre, en partenariat avec le Grand Port Maritime du Havre, Alcéane, le Groupe Hospitalier du Havre et la CCI Seine Estuaire, cet appel à projets a permis à des promoteurs et à des architectes d’imaginer l’avenir de sept sites emblématiques : l’ancien cinéma du 99, avenue Foch, l’ancien site de l’École de Management de Normandie et celui, tout proche, du Crédit municipal, la Halle aux poissons qui poursuit sa mue en site écoresponsable, l’ancien Centre Régional Jeunesse et Sport, rue Augustin-Normand, le cloître de la rue des Gobelins, qui fut le siège du bailleur social Alcéane, et l’emprise Flaubert près du funiculaire. Au-delà des 300 nouveaux logements qui verront le jour, ces programmes contribueront à promouvoir la mixité des usages et à transformer la vie en ville. Ils sont actuellement en phase de réalisation jusqu’en 2025.

  • lehavre.fr : Le tourisme est l’un des grands enjeux d’attractivité. Comment accompagner cette tendance ?

Edouard PHILIPPE : Il faut déjà nous réjouir : les chiffres du tourisme sont excellents. En termes de fréquentation hôtelière, si l’on excepte Paris, nous sommes la première ville de France pour les trois et quatre étoiles ! Saint-Joseph, par exemple, a accueilli 200 000 visiteurs cette année, contre 110 000 en 2019, qui était pourtant notre année record pour le tourisme. Nos festivals, comme Le Goût des Autres, ont acquis une renommée internationale. Le Havre est devenu une grande cité touristique, sans que cela nuise à la qualité de vie des habitants. Notre ville entretient par ailleurs une relation historique avec la croisière maritime. Les souvenirs des grands paquebots, comme le France, imprègnent notre mémoire collective. Nous sommes fiers de renouer avec cette activité, dont les retombées économiques sont importantes pour notre territoire. Depuis une dizaine d’années, Le Havre s’est imposé comme le principal port de croisière de la façade ouest de la France. Pour conforter cette place, nous portons, avec la Communauté urbaine, HAROPA PORT et la région Normandie, un grand projet d’aménagement de la pointe de Floride. Prévue pour 2025, la création de trois nouveaux terminaux permettra de répondre à un objectif de 600 000 passagers d’ici 2030. C’est deux fois plus que l’année dernière. Le futur terminal sera beau, accueillant et vertueux sur le plan écologique puisqu’il produira plus d’énergie qu’il n’en consommera. Les quais électrifiés permettront d’assurer des escales sans fumée. Une allée végétalisée de 320 m offrira aux Havrais de nouvelles perspectives sur la ville et sur la mer.

  • lehavre.fr : Le Havre est aussi riche des grands événements populaires et festifs. Peut-on dire que 2023 sera une grande année ?

Edouard PHILIPPE : Sans aucun doute ! Pour sa première saison, Gaël Charbau, le nouveau directeur artistique d’Un Été Au Havre, nous réserve quelques belles surprises. Et nous fêterons surtout cette année les 30 ans de la Transat Jacques Vabre. Cette course à la voile est l’une des plus exigeantes au monde. Nous vibrons, depuis trois décennies, au rythme de ces tandems qui traversent l’Atlantique. Cet anniversaire nous offre une magnifique occasion de célébrer cette grande fierté havraise. Dans le bassin Paul-Vatine, autour des 80 bateaux attendus – un record ! – je vous invite d’ores et déjà à venir partager dix jours de fête, avant le grand départ, dimanche 29 octobre. 2023 promet donc d’être une grande année, maritime et sportive !