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DÉMOS : un tremplin vers le Conservatoire

Si pour certains élèves, la fin du Dispositif d’Éducation Musicale et Orchestrale à vocation Sociale (DÉMOS) marquera l’arrêt de l’apprentissage musical pour l’instant, chez d’autres elle révèle de nouvelles ambitions. Quelques-uns d’entre eux se sont même d’ores et déjà inscrits au Conservatoire pour continuer l’aventure instrumentale.

Pour les 105 élèves volontaires du Havre et de Gonfreville-l’Orcher, l’épilogue du programme DÉMOS marque la fin d’une véritable aventure humaine. Pendant trois ans, ces jeunes issus de quartiers prioritaires ont pu apprendre à jouer d’un instrument qui leur est prêté, à raison de trois heures par semaine, grâce à des professeurs en grande partie issus du conservatoire Arthur Honegger.

Initié par la Philharmonie de Paris, le programme DÉMOS est présent dans toute la France, et cible des jeunes des classes de CE2, CM1 et CM2, un âge intéressant pour apprendre à développer son oreille, son sens du rythme, mais également de l’écoute et de la cohésion de groupe. Son objectif : favoriser l’accès à la musique pour tous, par le biais de la pratique orchestrale.

Anticiper la suite

Si l’ensemble des élèves semble satisfait du programme et investis dans la pratique de leur instrument, chez certain la pratique instrumentale s’est révélée être une véritable vocation. Quelques-uns sont d’ailleurs d’ores et déjà en train de briguer une place pour entrer au Conservatoire du Havre, dès la rentrée prochaine. Pour d’autres, comme Shayma, c’est déjà fait depuis septembre 2021. Cette jeune corniste était, en fin d’année dernière, déjà très impatiente de pouvoir approfondir ses connaissances et développer ses compétences de musicienne. Ainsi, elle a convaincu ses parents de l’inscrire pour continuer à apprendre le cor en dehors du cadre de DÉMOS.

Grâce à la Philharmonie de Paris, Shayma et tous les élèves qui choisiront de continuer la pratique à l’issue des trois années du programme pourront conserver leur instrument, qui leur sera offert.

La passion de la musique

Shayma n’a pas eu trop de mal à convaincre ses parents de l’inscrire au Conservatoire, car eux-mêmes sont musiciens : « Avant DÉMOS, je chantais et je jouais du piano à la maison. Parfois, mon père m’accompagne aussi à la guitare. » La jeune fille a d’abord hésité à s’inscrire dans une classe de piano, mais elle a finalement décidé d’approfondir le cor, cet instrument qu’elle a découvert avec le programme. « Au Conservatoire, je joue avec des élèves de 3e ou 4e année, le niveau est plus difficile mais du coup j’apprends plus de choses. » De quoi développer sa confiance en soi ! Une qualité essentielle à l’approche des concerts de fin d’année, dont l’un sera donné dans la salle Pierre Boulez de la Philharmonie de Paris, avec l’ensemble des formations DÉMOS de France, et l’autre au Carré des Docks, lors duquel l’orchestre du Havre proposera un programme beaucoup plus complet. Shayma, elle, ira sereine : « Grâce au Conservatoire, j’ai l’habitude d’être sur scène : on fait régulièrement des auditions et concerts. »

Et quand on lui demande quelle sera la suite de sa « carrière musicale », Shayma est déjà pleine d’enthousiasme : « Je pense continuer le cor encore un ou deux ans, et après j’aimerais bien essayer le saxophone, ou la clarinette, ou peut-être le violoncelle. Dès que je vois un instrument, j’ai envie de l’essayer. » Une passion est née !

Le cor, élu l’un des instruments les plus difficiles à jouer
Le cor d’harmonie a la réputation d’être l’un des instruments les plus difficiles à jouer, jusqu’à avoir été classé, pour cette raison, dans le Guinness des records 2007 au côté du hautbois. En effet, à l’instar de tous les cuivres, la justesse des sons produits dépend de la fréquence de vibration des lèvres sur l’embouchure, et de la pression du souffle dans le corps de l’instrument. Si ces paramètres sont plus difficiles à maîtriser que la vélocité de la pression sur une touche de piano, ils ne sont pas les seuls à prendre en compte. Le cor d’harmonie est également très sensible aux températures et à l’hygrométrie : compte tenu de la longueur et de l’enroulement des tuyaux, l’air soufflé chaud, en remontant sur un long chemin jusqu’à rejoindre l’air ambiant, va créer de la condensation à l’intérieur de l’instrument. Ainsi, à mesure que le corniste joue, son instrument se « remplit », plus ou moins vite selon l’humidité ambiante, l’obligeant également à anticiper des moments de « vidange » pour ne pas que cette condensation affecte la justesse ou la fiabilité des notes jouées.