Culture

Jacqueline Salmon, une œuvre aux quatre vents

L'artiste expose actuellement au MuMa

Du 19 novembre 2016 au 23 avril 2017, le MuMa, Musée d’art moderne André Malraux, présente "Jacqueline Salmon, du vent, du ciel, et de la mer", 160 œuvres photographiques inspirées des éléments.

"Entrer au service des nuages", Jacqueline Salmon a fait sienne cette expression de l’artiste John Ruskin. Cette exposition qui lui est aujourd’hui intégralement consacrée s’inscrit dans la continuité d’autres événements du MuMa auxquels elle a participé : "Les nuages… là-bas… les merveilleux nuages" (2009-2010), "Les territoires du désir ou les métamorphoses d’un musée imaginaire", mais aussi dans la droite ligne de l’exposition récemment consacrée à Eugène Boudin. "Jacqueline Salmon prend la suite légitime d’Eugène Boudin dont les univers sont intimement liés, explique Annette Haudiquet, conservateur du MuMa. Elle s’est passionnée pour l’œuvre de l’impressionniste avec une réelle envie et curiosité de découvrir les paysages normands dont il s’est inspiré. Et surtout, un goût sans limite pour l’éphémère."

La tête dans les nuages

Jacqueline Salmon est avant tout une rêveuse et son œuvre d’une grande poésie. Mais il est aussi question de sciences, de météorologie et d’universalité. "Venir au Havre, c’est venir dans une ville ouverte sur le monde, poursuit Annette Haudiquet. C’est donc penser à d’autres lieux traversés, à d’autres lieux aimés." Outre le territoire normand, cette exposition dévoile des clichés de Jacqueline Salmon pris aux quatre coins du globe. Ces fragments du monde, elle les travaille en fonction d’une temporalité bien précise, afin de donner à voir et à ressentir l’instant. D’où ces photographies emblématiques, ces épreuves pigmentaires sur papier Japon qu’elle retravaille ensuite à l’encre de Chine. "J’ai découvert il y a plusieurs année ce que l’on appelle des livres d’orages, précise Jacqueline Salmon. La façon dont les flux célestes sont représentés est extrêmement poétique. C’est un langage qui m’a intriguée et séduite." Elle pose ces flux sur ses ciels, comme des milliers de petites flèches qui donneraient le sens du vent. Un travail d’un seul jet, pointilleux, méticuleux. Extrêmement poétique.

Des photographies mouvantes

L’intention de départ est de traduire un ressenti : celui d’une émotion à la vue d’un ciel nuageux, d’un coucher ou d’un lever de soleil. "La photographie possible d’un ciel impossible", selon l’artiste qui superpose plusieurs clichés faits sur un temps court afin de transmettre une image la plus proche possible de la réalité. "Le numérique permet de retrouver la sensation visuelle des nuages en perpétuels mouvements. Un unique cliché est celui d’un instant trop bref et ne traduit pas l’aspect furtif et fugitif d’un paysage nuageux." Nul doute que les plus grands peintres impressionnistes ont dû, pinceau à la main, se faire la même réflexion et s’acharner à trouver la meilleur manière de traduire visuellement leur propre émotion, à l’image des multiples études de ciels d’Eugène Boudin. Rien d’autre que le désir perpétuel de capter l’instant et le moment présent.