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Culture

L'art sous un prisme queer et féministe avec Ad Minoliti, artiste invité pour Un Été Au Havre 2024

L’artiste de nationalité argentine est à l’honneur cet été grâce à son installation aux Jardins Suspendus et son exposition au Portique, centre régional d’art contemporain du Havre.

Publié le 17/06/2024

  • lehavre.fr : Pouvez-vous présenter votre parcours ?

Ad Minoliti : J’ai étudié à l’École nationale des beaux-arts de Buenos Aires. J’ai complété ce cursus académique par une approche plus expérimentale. Je me considère avant tout comme peintre, même si je travaille aussi d’autres médias tels que des formats vidéo, sculptures, personnages mi-humains mi-animaux comme les « furries ». Mon travail part toujours d’un point de vue pictural, avec un prisme queer et féministe qui confère une perspective non-binaire à mes idées (le terme non-binaire désigne toute possibilité en dehors d’une identité strictement féminine ou masculine). Cela permet de s’affranchir d’un monde de l’art dominé par une vision masculiniste.

  • lehavre.fr : En quoi les dimensions queer et féministe le permettent-elles ?

A. M. : La théorie queer et féministe permet de déconstruire le genre, les systèmes hétéronormatifs et, plus largement, les paradigmes binaires (garçon/fille, hétérosexuel/homosexuel…) qui divisent notre perception du monde. Ces mêmes instruments peuvent servir à repenser la construction de l’art visuel comme langage, à dépasser la vision occidentale des catégories et des divisions.

  • lehavre.fr : Comment la peinture peut-elle y participer ?

A. M. : La peinture n’est pas une fin en soi mais elle joue un rôle dans la construction sociale de la « normalité ». Mes compositions utilisent des formes géométriques qui évoquent implicitement des visages ou des personnages animaux. La géométrie me semble le meilleur moyen de représenter des corps ou personnages sans qu’ils soient typiquement humain. Mes créations invitent ainsi le spectateur dans un univers spéculatif où l’enfance joue un rôle important, permettant d’adopter une approche critique des mouvements artistiques. En m’inspirant des univers du dessin animé ou d’illustrations anciennes, je déconstruis les stéréotypes médiatiques, historiques, artistiques.

  • lehavre.fr : Quelles ont été vos sources d’inspiration pour Un Été Au Havre ?

A. M. : Je suis très sensible à la cause animale et je veille toujours à apporter une dimension animaliste à mes créations. J’avais déjà travaillé autour des chats dans un projet à Puerto Rico, la place des animaux dans la ville étant un vrai sujet. Au Havre, ce sont les oiseaux qui se sont imposés. L’architecture des Jardins Suspendus m’a également inspiré. Il en résulte une construction de forme orthogonale, peinte sur trois côtés, avec un mur de six mètres de hauteur qui servira de nichoir et d’abreuvoir aux oiseaux. J’aime l’idée de créer un monument qui sera utile aux oiseaux alors que, d’habitude, les monuments sont plutôt hostiles à leur présence. C’est aussi la première fois que je crée une œuvre tridimensionnelle en extérieur !

Plus d'infos
Hôtel des Oiseaux
Du 22 juin au 22 septembre
Jardins Suspendus
Tous les jours de 9h à 20h
Entrée libre et gratuite

  • lehavre.fr : Et pour l’exposition au Portique ?

A. M. : C’est une joie d’avoir cette opportunité de pouvoir présenter plus largement mon travail. L’exposition « Nature is queer » permet, à travers ses installations, de s’interroger sur les questions de genres et le féminisme queer. Elle évoque la nature, l’écologie et le féminisme sous toutes ses formes. Muraux, tableaux, installations invitent le visiteur à s’immerger dans une utopie multicolore pour penser la société autrement et remettre en question la norme ou les schémas établis. Comme pour mes précédentes expositions, je m’appliquerai à être à rebours des codes de l’exposition habituelle pour transformer l’espace en quelque chose d’autre qu’une galerie d’art. Pour moi, c’est l’occasion de convier l’imaginaire et d’autres formes artistiques à interagir.

Plus d'infos
« Nature is queer »
Du 29 juin au 29 septembre
Le Portique, centre régional d’art contemporain du Havre
30 rue Gabriel Péri
Du mardi au dimanche de 14h à 18h
Entrée libre et gratuite