« Mon premier livre a été intégralement écrit au Havre. »
Publié le 24 février 2025
La sortie de "Photo sur demande" aux éditions Stock vaut à Simon Chevrier une entrée réussie dans le monde de l’édition. Après avoir participé au festival littéraire Le Goût des Autres, qui s’est tenu du 16 au 19 janvier dernier, il revient sur la genèse de son premier roman.
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Comment êtes-vous devenu écrivain ?
Lorsque j’ai perdu mon père, j’ai eu besoin d’écrire sur sa disparition. Nous étions en période de confinement quand j’ai découvert le master de création littéraire porté par l’Université et l’École Supérieure d’Art et Design du Havre. Je suis arrivé de Nantes après avoir été sélectionné sur dossier, mon projet étant de réaliser un livre à partir de l’expérience de la perte paternelle ainsi que de ma période de prostitution. Le projet s’est transformé en fiction. Du premier mot posé, en janvier 2021, à la finalisation du texte, en janvier 2024, le livre s’est construit, cherchant sa forme définitive autour de fausses pistes d’écriture.
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Comment ce livre est-il passé du projet à l’édition ?
Le jury du master, composé d’un romancier, d’un journaliste et d’une éditrice, ayant émis un verdict favorable, je me suis rapproché d’éditeurs qui ont attesté de sa qualité mais aussi jugé qu’il n’était pas achevé en l’état. J’ai choisi de travailler avec un agent, ancienne éditrice, qui m’a aidé à avancer et s’est occupée de négocier le contrat d’édition. En effet, pas moins de quatre éditeurs voulaient le roman une fois retravaillé, ce qui est assez rare pour un premier livre.
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N’est-on pas face à l’Himalaya quand on écrit un premier ouvrage destiné à être publié ?
Ce qui est vrai, c’est que je n’anticipais pas certaines « exigences » éditoriales. Il a fallu donner une cohérence narrative au roman, c’est-à-dire un axe qui met de la tension dans le récit. Il y a de fait plusieurs parties dans mon livre, autour de la vie du narrateur mais aussi de sa recherche autour d’un personnage vu en photo, qui fait d’ailleurs la couverture du livre. Il y a un chemin de quête à respecter. Il m’a fallu une année de recherche pour aboutir au résultat de l’enquête sur ce jeune homme photographié dans les années 80 par l’artiste new-yorkais Peter Hujar.
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Quel accueil reçoit votre livre depuis sa sortie en janvier 2025 ?
Il y a un engouement médiatique et public, la photo de couverture assez intrigante jouant aussi sur l’effet de curiosité, comme en attestent beaucoup de retours sur mon compte Instagram. Nous avons dû lancer un nouveau tirage dix jours après la sortie. C’est d’autant plus satisfaisant que la rentrée littéraire de janvier était riche, avec des auteurs comme Lola Lafon ou Vanessa Springora.
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Justement, vous avez rejoint les porte-drapeaux de cette rentrée lors du festival littéraire Le Goût des Autres…
J’étais fier de pouvoir présenter ce livre dont le texte a été intégralement écrit au Havre. J’aime beaucoup ce festival et je trouve remarquable que la ville permette ainsi au public de découvrir la littérature contemporaine.
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Quels sont vos projets ?
Je viens de terminer le premier jet d’un deuxième roman dont le sujet est inspiré d’un fragment abordé dans le premier livre. Je dois le finaliser pour le soumettre à l’éditeur avant l’été. Si tout se passe bien, il pourrait sortir d’ici deux ans. En tout cas, une chose est sûre, Photo sur demande paraîtra aussi en format poche.
Ce portrait a été initialement publié dans le magazine LH Océanes
LH Océanes n°241
Édition du 16 au 28 février 2025