Balade / randonnée en centre-ville
Au fil des éditions, une collection permanente se constitue, qui s'enrichit chaque été, transformant peu à peu la ville en exposition d'art contemporain à ciel ouvert, accessible à tous.

Histoire
L’aventure d’Un Été Au Havre a commencé en 2017 à l’occasion de la célébration des 500 ans de la fondation de la ville et du port. Cet anniversaire grandiose sur plusieurs mois, fêté a accueilli plus de deux millions de visiteurs.
La manifestation a provoqué un impact retentissant sur le territoire : le souffle artistique a conquis les habitants, les commerçants, les étudiants et bien sûr les curieux qui ont découvert cette destination balnéaire au charme unique. Largement plébiscitée, Un Été Au Havre est devenue une manifestation récurrente.
Ainsi, au Havre, la saison estivale est le moment d'un rendez-vous ambitieux avec l'art, le patrimoine et la culture, revitalisé chaque année par de nouvelles œuvres d'art contemporain qu'Un Été Au Havre livre à l'espace public de fin juin à mi-septembre.
Les œuvres
Evor
En réponse à une recherche de Logeo Seine, opérateur de logements, l’artiste nantais Evor a imaginé une installation qui prendra place dans l’allée Aimé Césaire : un cylindre végétal qui invitera la nature dans l’espace urbain, une structure à conquérir pour les plantes grimpantes.
Cette œuvre évolutive verdira au fil des ans, sous les yeux des passants et des habitants qui pourront observer sa lente croissance.
« Volière ouverte sur le ciel, totem végétal et treille recouverte de plantes grimpantes et de lianes gracieuses. Volubiles pour Aimé est une sculpture végétale offrant un refuge pour les oiseaux, pour les insectes et notre désir de nature en ville. Cet écrin d’où s’échappent nos rêves de citadins évoque une cohabitation apaisée avec la luxuriance du « sauvage » et incarne la reconquête du vivant en milieu urbain.
Volubiles pour Aimé est un petit pavillon, une folie de verdure auprès de laquelle on respire l’instant présent. » Evor
Coupes
Pour Un Été Au Havre, Isabelle Cornaro poursuit ses réflexions sur les objets et leur image, sur la notion d'original et de copie. Invitée à intervenir sur la gare du Havre, l’artiste s’est inspirée de l’emblématique église Saint-Joseph, qui l’a beaucoup marquée lors de ses séjours. Elle en a imaginé une double relecture, un hommage dédoublé au talent d’Auguste Perret. En ouverture de la saison, elle métamorphose les grandes baies vitrées de la gare du Havre en s’inspirant du nuancier de couleurs des vitraux de l’église, dessinés par Marguerite Huré. Comme si les mille facettes colorées du monument venaient épouser le bâtiment de la SNCF, une multitude de teintes savamment agencées jouent avec les mouvements du soleil et des nuages pour faire vibrer le parvis extérieur et le hall intérieur de la gare. Ainsi transformée, la gare devient un écho, une résonance aux incessantes variations chromatiques du célèbre édifice Havrais.
Pacifique
Pacifique est une sculpture en bronze patiné construite par la répétition d’une amphore qui s’empile six fois sur elle-même pour atteindre une hauteur de plus de 10 mètres. Dans l’antiquité, l’amphore était l’objet « standard » contenant de nombreuses marchandises dans les flux du commerce. Elles étaient chargées par centaines sur des navires parcourant le bassin méditerranéen, transportant vin, huile d’olive et autres produits de base : l’amphore était bel et bien le container antique... Edgar Sarin a souhaité imaginer au Havre une survivance de cette forme, un témoin érigé comme un repère dans l’espace et dans le temps. Ces amphores ainsi répétées les placent à l’échelle des containers contemporains que l’on aperçoit de l’autre côté du bassin. Elles s’inscrivent dans ce vocabulaire fait de mâts de bateaux, de grues ou de phares de signalisation, qui sont les lieux communs du port.
Sorcière de la mer
Dressée telle une figure de proue, ou une possible égérie du quartier Saint-François, Sorcière de la mer se découvre au sommet d’un bâtiment de manœuvre, en contrejour du ciel. Ses contours imparfaits dessinent une véritable créature venue des fonds marins, aux pouvoirs mystérieux, dont la peau, la robe et la chevelure sont un refuge pour la faune et la flore marines. Elle évoque aussi une figure enfantine, reflétant la joie de vivre en bord de mer et d’en récolter ses nombreux trésors ; à l’image des hommes et des femmes qui animent ce quartier depuis des siècles, déversant et moyennant leurs trouvailles au retour de la mer.
Réalisée en bronze, la sculpture peinte par Klara Kristalova fait aussi office de girouette.
“Elle vient de la mer ou y retourne. Vous pouvez également voir la sculpture comme une fille se déplaçant sur la plage, jouant et collectionnant les coquillages. Ce motif est lié au Havre et aux scènes de bord de mer. Il reflète la joie de vivre au bord de la mer animée. Installée près du port, la sculpture rappelle ici que la mer est vivante et présente aussi des aspects moins idylliques. Je veux que la sculpture ait un caractère fort qui apporte identité et poésie au lieu. »
Jardins Fantômes
C'est une œuvre monumentale et mouvante qui prend racines dans l'histoire du Havre. Il faudra l'admirer au bassin du Roy, plan d'eau aux abords duquel trône la statue de François Ier, le roi fondateur de la ville. L'artiste Baptiste Debombourg s'est intéressé aux vestiges de cet instigateur qui a introduit la Renaissance italienne en France.
Parmi ses châteaux, celui de Blois : la chambre du roi, là-bas, est à la hauteur de sa puissance, déployant du sol au plafond des florilèges de rosaces et autres géométries insensées.
Ces ornements, Baptiste Debombourg s'en est inspiré pour façonner une structure en métal qui vient se ficher dans les murs du bassin. Au fil des marées, des flux et reflux de l'eau de mer, des moules, des huîtres, des algues vont s'accrocher là, révélant, semaine après semaine, les motifs royaux et leurs richesses. L'artiste invente, en somme, le jardin marin à la française.
Algues et coquillages
Lors de sa venue au Havre, Emma Biggs s’est inspirée des sensations, des couleurs et des formes rencontrées sur son chemin, pour imaginer trois séries de bancs.
La création des bancs s’accompagne d’une intervention sur deux arches extérieures de l’église Saint-François, se trouvant sur la place.
Ces trois bancs sont réalisés en béton pré-fabriqué, évoquant la matière même du centre-ville reconstruit par Auguste Perret après la guerre. Les dossiers des bancs sont recouverts de mosaïques disposées à la manière d’une “fragmentation structurée”.
Narrow House
Le parc arboré et aménagé offre un jardin à cette maison de banlieue typique des années 60, dont l’étroitesse apparaît d’autant plus nette.
Tous les objets et les meubles qui l’aménagent semblent avoir été compressés, étirés. Au fur et à mesure de l’avancée entre ses murs, les pièces s’ajoutent jusqu’à devenir trop étroites pour que l’on puisse y entrer.
Les photographies visibles sur certains murs nous livrent un indice sur ses occupants ; la maison est un souvenir d’Erwin Wurm, et comme souvent dans les œuvres de l’artiste autrichien, la forme des vêtements, des voitures et des maisons semble exprimer avec humour la psychologie de ses occupants.
« C’était la maison de mes parents. Je l’ai recréée en version étroite, écrasée. Pour refléter la société étroite, la claustrophobie de nos banlieues et de nos esprits. À nouveau, j’utilise l’humour et l’absurde pour faire réfléchir au monde dans lequel on vit. Je suis concerné par notre futur. Politiquement, je trouve que l’air est irrespirable. Écologiquement, c’est effrayant. Par contre, je ne veux pas aller frontalement sur le terrain politique. Mon rôle, c’est de créer des images, des réflexions. »
Impact
Dans le bassin du commerce, deux modules éloignés l’un de l’autre d’environ 60 mètres, projettent, par intermittence, des jets d’eau qui se rencontrent. Leur collision provoque l’apparition d’un spectre, d’une forme changeante et floue. Plus rarement, c’est un autre spectre qui devient visible à travers ses gouttes, celui du soleil, et l’arc se pare alors de teintes irisées. Dans tous les cas, il s’évapore après quelques minutes de contemplation et d’écoute, nous replaçant face à un bassin subitement regagné par le silence.
Impact ne s’apparente pas à une fontaine commune, qui s’écoule en continu, paisiblement. L’eau est projetée avec une puissance qui reflète peut-être la façon dont les éléments interagissent sur ce territoire : le vent et les vagues se rencontrent avec force et fracas.
Son apparition, périodique, précieuse, nous place dans l’attente et installe une forme de rituel.
- Visible pendant la saison Un Été au Havre
Monsieur Goéland
La rencontre entre Le Havre et Stephan Balkenhol s’est produite dans le cadre de l’édition 2019 d’Un Été Au Havre. Découvrant l’architecture de la Reconstruction, signée Auguste Perret, l’artiste s’est amusé à loger pour ainsi dire de nouveaux occupants et de nouvelles occupantes sur les façades de plusieurs immeubles.
Pour la saison 2020 d’Un Été Au Havre, Stephan Balkenhol complète cette galerie de personnages avec un nouveau specimen : Monsieur Goéland. Cet homme à tête de goéland est hissé sur un support hybride, qui relève autant du perchoir que du mât et de sa vergue. Il arbore un caban, vêtement emblématique des gens de mer : navigateurs, pêcheurs, pirates... Installé sur l’esplanade du Muséum du Havre, entouré d’immeubles, Monsieur Goéland s’étire vers le ciel, comme pour rechercher la mer présente alentour. Cette sculpture monumentale en bronze peint, de 2m80, est posée sur un perchoir de 3m20.
Apparitions
Des sections de façades préfabriquées prévoient à intervalles réguliers des cadres de baies où peuvent être réalisées des fenêtres. En fonction de la distribution intérieure des espaces, certains de ces cadres ne sont pas ouverts. Ces places vacantes ont amené Stephan Balkenhol à imaginer des personnages qui pourraient se mêler à ceux, bien réels, des habitations, qui apparaissent derrière leurs vitres.
Les jeux de regards, les différentes postures et les couleurs des vêtements, forment une composition d’hommes et de femmes plus grands que nature, à la présence discrète, énigmatique, en pleine émergence.
Catène de containers
Au fil de ses productions, Vincent Ganivet utilise des briques et des parpaings pour former des arches et des structures qui se complexifient, jusqu’à défier les lois de la gravité.
La plupart du temps, elles tiennent en équilibre grâce à un procédé mathématique, utilisé notamment dans le domaine de l’architecture et révélé par le célèbre architecte catalan Antoni Gaudi : la « technique de la chaînette » ou de « l’arc caténaire ». En observant la forme tombante d’une chaîne tenue par ses deux extrémités et en reproduisant en sens inverse cette forme, les forces et tensions qui s’exercent permettent de réaliser une arche qui tient seule, sans aucun contrefort.
La Catène de containers pèse au total près de 288 tonnes, et son point culminant atteint 28,5 mètres. Le titre, emprunté au mot latin « catena », signifie également « chaîne ». Il faut y voir un clin d’œil à la technique employée, inspirée d’Antoni Gaudi, mais également à l’utilisation des containers dans la « chaîne logistique ».
Gold Coast
Gold Coast survient en contraste avec la clarté du béton poli, avec les bleus et les gris du paysage minéral et maritime, conférant une esthétique nouvelle à cette esplanade. L’enrochement se couvre d’or comme le serait l’architecture d’un patrimoine précieux.
L’œuvre évoque par ailleurs la dimension économique du commerce portuaire mondiale. Matériau inaltérable et incorruptible, synonyme d'éternité, l'or est une valeur sûre lorsque l'économie est volatile. Ces pépites d'or géantes et éblouissantes, font l'illusion d'une richesse inépuisable, incroyable. La Gold Coast est clin d'œil à l'utopie d'un eldorado maritime.
La Ville qui n'existait pas
Des impressions numériques géantes disséminées sur différents pignons d’immeubles dans différents quartiers de la ville, Réparties dans différents quartiers du Havre (Bléville, Les Neiges, Aplemont-Frileuse, Saint-François, Caucriauville, etc.) ces fresques s’adressent aux habitants et mêlent l’histoire passé des archives, le présent des documents et le futur imaginé par les intelligences artificielles, comme s’il fallait en passer par la déconstruction et la réparation de l’existant pour réouvrir l’avenir. Chacune de ces fresques est une fenêtre sur un monde “contrefactuel”, une ville imaginaire qui revisite notre histoire et qui nous dit ce qu’elle aurait pu être, ce qu’elle pourrait être à l’avenir si nous nous émancipions des chaînes de la causalité.
Jusqu'au bout du monde
Jusqu’au bout du monde est une sculpture représentant l’artiste Fabien Mérelle portant sa propre fille sur ses épaules. L'œuvre est apparue au Havre pour la première fois en 2018 ; après une dégradation par le feu en 2020, une grande collecte participative a permis sa reconstruction, cette nouvelle version étant installée désormais sur la Digue Augustin Normand.
Les deux personnages observent, de leurs 6,24m de haut, l’horizon maritime et les navires qui le traversent. Par une ligne imaginaire, ils regardent aussi vers New York, autrefois reliée au Havre par la ligne Transatlantique. Un rappel du passé qui résonne particulièrement dans l’histoire familiale de l’artiste, et dans celles de tant d’autres Havrais et Havraises. Mais cette sculpture témoigne aussi de la filiation, de l’amour d’un père accompagnant sa fille jusqu’à ce qu’elle puisse suivre son propre chemin.
UP #3
UP 3 fait partie de la collection d'oeuvres en plein air que construit, édition après édition, la programmation du festival Un Eté Au Havre. Jouant avec la perspective de la Porte Océane, les artistes Sabina Lang et Daniel Baumann ont apposé une structure blanche aux contours anguleux sur la plage, dans l’axe de l'avenue Foch, dessinée par Auguste Perret. La sculpture émerge des galets comme un immense cadre se découpant sur l’horizon.
La Lune s’est posée au Havre
L’astre repose sans gravité, au cœur de la végétation ; une image surréaliste prend forme, pose les prémices d’une histoire fabuleuse. La Lune ne pouvait pas mieux tomber, dans cet écrin romantique et arboré. Habituellement insaisissable, elle prend ici de l’épaisseur et de la matière, et sa surface évoque d’ailleurs le béton granuleux des surfaces du centre-ville reconstruit. La comparaison entre cet objet et la ville portuaire ne s’arrête pas là : « Le Havre c’est comme la lune, c’est gris, c’est loin, personne n’y va et pourtant c’est un endroit fascinant.
En pensant Le Havre on pense immédiatement à l’opposition très présente dans la ville avec la terre / la mer, l’ancien / le contemporain, la fluidité de l’eau et la dureté du béton, matériau privilégié pour la reconstruction de son centre. J’ai souhaité créer une installation qui inciterait les gens à venir voir Le Havre, unique ville où « la lune s’est posée ». Cette installation allégorique pourrait alors exercer son attraction sur les visiteurs comme le fait la lune sur les marées.
Sans titre
Un personnage monumental et coloré se tient debout sur la place Saint-Vincent-de-Paul.
Ce géant mutique semble étranger dans cet environnement, apparaissant entre les arbres dont il imite pourtant la végétation à la manière d’un camouflage.
Rappelons que le choix de représenter des humanoïdes est surtout, pour Izumi Kato, un prétexte pour peindre ; les couleurs s’expriment sur ce personnage, bien plus que son attitude stoïque qui le transformerait presque en totem. Il n’est d’ailleurs pas sans évoquer les créations des arts traditionnels, son apparence rappelant un génie davantage qu’un humain, sa présence énigmatique s’imposant à nous.
Sans Titre est la plus grande sculpture jamais réalisée par Izumi Kato.
Épi
En février 2024, le dernier épi en bois de la plage du Havre a été démonté. En utilisant le rusticage (ou rocaillage), technique de modelage en ciment héritée des jardiniers du XIXème siècle pour imiter la nature, Stéphane Vigny reproduit l’épi dans son état d’usage, juste avant son enlèvement et à taille réelle (soit près de 30 mètres de long !) pour l’installer dans le prolongement de la promenade de la plage. L’épi de Stéphane Vigny fonctionne ainsi comme une sculpturetémoin, un objet à la fois décalé (l’original était à quelques dizaines de mètres…) et symbolique, puisque réalisé dans une technique qui est l’ancêtre du béton armé, si cher au Havre. Mais l’épi n’est cette fois plus soumis aux fracas incessants des galets qu’il est censé contenir : il trône désormais comme une relique de ce combat permanent que l’homme mène contre la nature pour maintenir le trait de côte. Sans ces ouvrages érigés depuis le Moyen-Âge - d’abord construits en bois puis en béton, tels qu’on les observe entre la plage et Sainte-Adresse - la mer, le vent et les galets auraient déjà largement creusé la falaise et la ville. L’épi de Stéphane Vigny est une version contemporaine du mythe de Sisyphe, condamné à se battre infiniment contre un rocher qui ne reste jamais immobile.
Le Temps Suspendu
Dans une ancienne poudrière des Jardins Suspendus, se trouve cette installation interactive conçue par le studio de design visuel Chevalvert. Des centaines de milliers de portraits tapissent les parois de l'alvéole, et sont mises en lumière sous l'impulsion du doigt qui navigue de visage en visage depuis une tablette tactile.
Durant un événement appelé « Clic-Clac, portrait d’une ville », qui a eu lieu en 2017, l’année du 500ème anniversaire de la ville, chaque personne habitant ou passant au Havre était invitée à être prise en photo dans une cabine, un combi mobile ou à envoyer leur prise de vue sur une plateforme digitale. Tous ces portraits ont été triés et collectés pour former cette installation ressemblant à une capsule temporelle. Suspendus dans le temps, les visages et les personnalités se révèlent, multiples et uniques à la fois, pour constituer une photo de famille géante.
- Accessible pendant la saison Un Été au Havre
Plus loin à Caucriauville... Parabole
Surplombant la ville, cette gigantesque parabole en bois invite à la contemplation, au jeu et à la rencontre.
Sur cette jolie corolle qui s’ouvre vers l’ailleurs, on peut en effet s’asseoir, s’allonger, pique-niquer, faire la sieste, grimper, se retrouver pour discuter ou contempler en contrebas la ville, l’estuaire et la mer.
Sa grande dimension et son inclinaison dans la pente rendent possible une appropriation partagée et multiple, devenant une plateforme de vie et de communication.