Boris Colin, nouveau directeur du Tetris

« Je ne me suis jamais senti autant à ma place qu’ici. »

Portrait
Publié le 1 octobre 2024

Arrivé du Nord, Boris Colin a pris la tête de la scène de musiques actuelles créée en 2013 au Fort de Tourneville. À 49 ans, il succède à Franck Testaert, son fondateur, et nourrit de nouvelles ambitions pour la faire rayonner.

  • Quel a été votre parcours ?

Originaire des Ardennes, j’ai découvert mon envie d’organiser des concerts de musiques actuelles lors de mes études à Nancy puis à Grenoble, où j’étudiais l’administration économique et sociale à l’université. Puis, à Sciences Po Lyon, mon mémoire portait sur la politique publique et les musiques actuelles. En 1999, je rejoins le pôle régional des musiques actuelles de Poitou-Charentes, à Poitiers, où je deviens bénévole pour le Confort Moderne, une salle dédiée à ce genre. En 2001, à Limoges, je passe à l’organisation de concerts, d’un festival et au soutien d’artistes locaux avant de rejoindre Le Grand Mix, salle de musiques actuelles de Tourcoing dont je prends la direction. C’est vraiment ce que je voulais faire ! En 2021, et suite à la crise sanitaire, je participe à la préservation de notre secteur en rejoignant la Fédération de lieux de musiques actuelles. J’ai ensuite eu envie de revenir sur le terrain, à la gestion d’une salle.

  • Qu’est-ce qui vous a particulièrement attiré au Tetris ?

J’ai été enthousiasmé en découvrant l’offre havraise, avec un bâtiment à la fois emblématique, grand, fonctionnel et chaleureux. Au-delà de ses deux salles de concerts, il dispose de logements pour les artistes en résidence et d’un restaurant ouvert à tous qui permet au lieu de vivre tous les jours et tout au long de l’année. C’est important de faire découvrir Le Tetris de cette manière, en s’ouvrant à d’autres manifestations que les concerts, car pousser la porte d’une salle de concerts n’est justement pas une évidence pour tout le monde. Le mélange et l’ouverture sont propices ici, en particulier au Fort de Tourneville où se trouvent plein d’autres acteurs de la culture.

  • Qu’allez-vous faire de cette proximité ?

C’est un autre atout auquel s’ajoute l’existence d’une radio créée ici, Ouest Track. Mon idée est de lier encore plus étroitement l’ensemble de ces éléments, y compris en réunissant la radio et Papa’s Production (l’association qui orchestre Le Tetris, Ouest Park et Ouest Track) dans le même bâtiment.

  • Avez-vous d’autres projets ?

Je m’inscris pleinement dans la dynamique impulsée par mon prédécesseur. Je souhaite retravailler le projet artistique tout en m’appuyant sur les missions assignées par notre label SMAC (salles de musiques actuelles) : promouvoir la musique par les concerts, accompagner les artistes, animer la médiation. Début 2025, nous signerons la nouvelle convention d’objectifs pour quatre ans. J’aimerais encourager des coopérations à l’échelle européenne, notamment avec d’autres villes portuaires comme Porto et Anvers. Mon ambition est également d’associer un artiste au Tetris sur le long terme.

  • Quelles seront les évolutions en termes de programmation ?

Nous sommes encore en train d’y travailler, avec l’arrivée ce mois-ci d’un nouveau programmateur. Nous conserverons néanmoins l’approche généraliste, multi publics de ce lieu essentiel à la diffusion qu’est Le Tetris, tout en affirmant un parti pris en faveur de la scène émergente. Nous voulons rester un étendard de l’histoire forte du Havre avec la musique, en nous adressant à la fois à nos fidèles comme à un public plus éloigné du monde musical. Faisons en sorte que les Havrais soient fiers du Tetris !

  • Comment s’annonce l’édition 2024 du festival Ouest Park ?

Le festival Ouest Park revient pour sa 21e édition au Fort de Tourneville et quatre jours de fête et de musique pour découvrir des artistes de tous horizons et styles musicaux. Comme l’an dernier, les musiques urbaines lui donneront une teinte particulière tout en cultivant d’autres esthétiques, comme Ladaniva et sa chanteuse charismatique dans le registre des musiques du monde, le rappeur à texte Jean, pépite normande découverte au Printemps de Bourges, ou mon coup de coeur pour le rock indé de Billynomates.

Ce portrait a été initialement publié dans le magazine LH Océanes

Site du Ouest Park festival