Giada Ganassin et François Bonnot, artistes du duo Bureau Idéal

« Nous transformons le kiosque de la plage en oeuvre d’art. »

Invités
Publié le 13 juin 2025

Bureau Idéal métamorphosera le kiosque de la plage dans le cadre de la saison artistique Un Été Au Havre. L’œuvre, une fresque peinte, symbolisera la diversité des flux et mouvements propres au Havre. À revers, rêvera, son nom palindrome, se déclinera au fil de l’été.

  • Comment est né votre duo artistique ? 

Nous nous sommes rencontrés à la Design Academy Eindhoven, aux Pays-Bas. Giada avait fait des études de graphisme et d’art en Italie, François sortait de l’École Supérieure d'Art et de Design (ESAD) de Reims. Le rapprochement a permis de mêler nos parcours respectifs de dessin, de graphisme et de design d’objets. Nous nous attachons à apporter des histoires dans nos créations en combinant nos savoir-faire. Cela passe par une simplification du dessin, pour qu’il parle au plus grand nombre, et par l’utilisation de techniques de production qui racontent quelque chose de la fabrication, telle la poterie.

  • Quel regard portez-vous sur votre travail ? 

Nos premières œuvres ont consisté en des pièces de céramique ou de poterie. Puis, le champ s’est élargi au décor, au territoire, pour jouer avec les matériaux et leurs supports. Par exemple, nous avons utilisé du tissu pour déguiser des meubles comme des personnages de théâtre. Nous avons aussi repensé le concept d’armoire normande, en nous réappropriant les histoires et symboles qu’elle véhiculait pour mieux les transformer. Le projet havrais se joue à l’échelle d’un bâtiment.

  • Quelle est la genèse de ce projet ? 

Gaël Charbau, directeur artistique d’Un Été Au Havre, nous a approchés car il connaissait nos travaux, notamment la série Girotondo, qui signifie la ronde en italien. Il nous a proposé de nous saisir du kiosque en béton situé près des jeux d’enfants, sur la plage, dont la fonction est aujourd’hui mal définie. Créé en 1967, il mit le point final à la Reconstruction. Son jumeau a disparu pour réaliser le skatepark. Sa forme originale, qualifiée de structure coquillage, nous a inspirés. 

  • En quoi consistera l'œuvre À revers, rêvera

Nous partons de l’histoire de ce kiosque, de l’intention de ses architectes et de l’environnement dans lequel il se situe. On aimerait ainsi amener les gens à entrer en interaction avec la structure, à jouer avec elle. C’est là qu’intervient l’idée de la ronde, parfaite pour habiller le toit. Une ronde, c’est une histoire qui tourne, sans début ni fin. Dans une ronde, chaque participant est à égalité, le mouvement circulaire fait sans cesse revenir à son point de départ, ce qui rappelle le tour du potier ou bien le mouvement des planètes. Le nom de l’œuvre, un palindrome, comme le dessin, peut donc se lire dans les deux sens. Notre fresque peinte épousera parfaitement les formes du toit. Son dessin devrait générer de la curiosité. 

  • Comment votre approche résonne-t-elle avec Le Havre ? 

La composition est construite sur la représentation du mouvement, du changement, symbolisés par des oiseaux. Cela nous semble cohérent avec l’histoire du Havre, fondée elle aussi sur des mouvements migratoires, comme avec nos perceptions de cette ville. Qu’il s’agisse des oiseaux dans le ciel, des marées, du vent, des bateaux, tout semble aller et venir. De même, beaucoup de Havrais ont eu envie de partir puis de revenir avec la nostalgie de leur ville. 

  • Quand pourra-t-on découvrir votre fresque achevée ? 

Dès le mois de juin, nous peindrons les motifs sur le toit avec l’aide de fresquistes. Durant l’été, les équipes de médiation proposeront un chantier participatif en notre présence. Il s’agira d’ateliers de pochoirs pour prolonger l’œuvre sur les bancs environnants. Nous espérons que le message, simple et universel, porté par ce projet artistique sera compréhensible par tous.

Ce portrait a été initialement publié dans le magazine LH Océanes

Un Été Au Havre

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