Quinze nouveaux pavés de mémoire installés dans les rues du Havre

Les Stolpersteine : un nom, une histoire

Les Stolpersteine sont une création de l’artiste berlinois Gunter Demnig. Il s’agit de pavés de béton ou de métal de dix centimètres de côté, qui sont enfoncés dans le sol devant le dernier domicile connu d’une victime du nazisme. La face supérieure du pavé est recouverte d’une plaque en laiton qui honore la mémoire de la victime en rappelant ses prénom, nom, date de naissance, de déportation et de décès. Chaque cube rappelle ainsi la mémoire d'une personne déportée dans un camp de concentration ou dans un centre d'extermination. 

Le nom de Stolpersteine, que l'on peut traduire par "pierre d'achoppement", a été choisi par l'artiste car il souhaitait que la conscience et le cœur des passants "trébuchent" sur ces pavés, et prennent ainsi le temps de se souvenir. Depuis le premier posé illégalement en Allemagne en 1992, plus de 100 000 pavés de mémoire ont été installés en Allemagne ainsi que dans 25 autres pays européens. Ils sont considérés comme le plus grand mémorial décentralisé du monde. En France, le projet se développe depuis 2012 et de nombreuses villes ont fait le choix d’y adhérer comme Bordeaux, Le Havre ou Rouen.

Au Havre, 12 Stolpersteine avaient déjà été posés en mars 2022, auxquels viennent désormais s'ajouter les 15 pavés dévoilés ce lundi 12 mai 2025. 

Cliquez sur les points apparaissant sur la carte pour retrouver les noms des victimes honorées.

Un résistant parmi les victimes

Si jusqu'ici, les victimes honorées par des Stolpersteine étaient toutes des personnes ayant été déportées, cette année les 2 professeurs d'histoire-géographie du lycée François 1er à l'origine du projet des pavés de mémoire au Havre, Pierre Charrel et Camille Duparc, ont choisi d'ajouter à la liste le nom d'un résistant havrais, Gérard Morpain. Celui-ci a lui-même été professeur d'histoire-géographie dans ce lycée de 1936 à 1941, date de son arrestation : c'est la raison pour laquelle le pavé de mémoire lui rendant hommage est installé devant l'entrée historique de l'établissement. 

Un projet citoyen et pédagogique, pour ne pas oublier

Si la pose des pavés a été effectuée en amont par les services de la Ville, la journée du 12 mai a été marquée par une déambulation pour visiter chacune des adresses concernées en présence d'élus, ainsi que de descendants des familles Fdida, Onijas, Meyer et Silberstein.

Les élèves de différents établissements scolaires associés au projet étaient également présents, accompagnés de leurs professeurs : l'école Henry Genestal du Havre, les collèges Théophile Gautier et Jean Moulin du Havre, le collège Jean Monnet de Gruchet-le-Valasse, le lycée François 1er du Havre, et le lycée Guy de Maupassant de Fécamp. À chaque étape, une biographie de la famille concernée a été lue par un élève, tandis qu'un de ses camarades déposait une rose blanche autour de chaque Stolpersteine, avant qu'une minute de silence soit observée par l'ensemble des participants.

Une cérémonie officielle a conclu ce parcours de commémoration au lycée François 1er, après le dévoilement du dernier pavé, en présence du maire Édouard Philippe, du sous-préfet, de membres du conseil municipal, de membres d'associations patriotiques, de représentants des cultes, de riverains, ainsi que des élèves et de leurs professeurs.